• Racines de Lou Lubie

    Titre : Racines

    Auteur : Lou Lubie

    Maison d’édition : Delcourt

    Genre : Histoire

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    Pour moi, offrir des livres à Noël, c’est particulier dans le sens où c’est plus qu’un cadeau. C’est un dialogue. C’est une part de soi qu’on aimerait faire découvrir à l’autre. Aussi, je n’aime pas toujours offrir des choses qui pour faire passer un message. Pour transmettre quelque chose. Et quand vous voyez ce que je projette pour cette semaine, c’est exactement cela. Le graphique que je souhaiterais vous présenter, c’est Racines de Lou Lubie.

    Lou Lubie, c’est une illustratrice de bandes dessinées et une développeuse. Elle est née en 1990 et elle a fondé un forum appelé le Forum dessiné, qui est un site web communautaire où les échanges se font sous forme de dessins. En fait, à la base, elle a écrit deux romans à 18 ans qui s’appellent Hallucinogène volume 1 et 2. Puis, elle enchaîne sur la bande dessinée. En 2016, elle découvre qu’elle est atteinte de cyclothymie qui est un trouble psychique faisant alterner des périodes d’excitation et de dépression. Moi, je l’ai découverte avec une bande dessinée, qui s’appelle : Et à la fin ils meurent, car je voulais en savoir plus sur les contes de fées. Et là je découvre une incroyable vulgarisatrice historique. Cette bande dessinée m’a permis, personnellement, de me rendre compte que chez les graphiques, et bien il n’y a pas mal de choses faites et surtout bien faites à ce sujet. Ce qui fait que maintenant, je cherche souvent aussi chez les graphiques s’il n’y a pas quelque chose sur le sujet.

    Et me voilà dans ma librairie graphique, en train de regarder tout simplement la dernière sortie de Lou Lubie, Racines qui est l’histoire de Rose qui est tiraillée entre deux cultures : celle à laquelle elle voudrait appartenir et celle que ses cheveux crépus trahissent. Et on va suivre la quête d’identité de Rose. Rose, elle est métisse et c’est aussi l’histoire de Lou Lubie. Alors, comment offrir cette bande dessinée quand dans ta famille, personne n’est métisse ? Parce que Racines, cela ne parle pas que de cela, cela parle aussi d’Histoire, cela parle de visions de la femme, cela parle d’empathie. Et Lou Lubie nous livre cette bande dessinée avec des dessins superbes et, oui vous vous en doutez certainement, beaucoup de recherches. Si jamais vous avez quelqu’un en recherche de sa propre identité, c’est la bande dessinée qu’il vous faut. Et surtout, elle est tellement universelle qu’elle a reçu une avalanche de prix depuis sa sortie dont Le prix Ouest-France/ Quai des bulles en 2024 ou le prix Dans ta bulle des collèges de la ville d’Argentant en 205, le prix de la région centre-Val de Loire / BD Boum en 2025 ou le prix Jacarbo en 2025. Et je ne fais que survoler tout cela puisqu’il y en a bien d’autres.  Alors, dites-moi, pourquoi Racines en devient une bande dessinée à offrir à Noël ?

    Racines, c’est toute une Histoire

    Notre héroïne, Rose, vient de la Réunion, une île volcanique qui est à l’est de l’Afrique et qui est un département français. Mais surtout, c’est une île qui a eu énormément de métissage, elle avait été repérée par les Arabes au Moyen Âge mais surtout elle reste inhabitée, jusqu’à ce qu’au XVIIème siècle, des Portugais débarquent. Puis elle devient une escale pour la Compagnie des Indes orientales. Et il y a un foisonnement d’origines que vous découvrirez tout simplement dans la bande dessinée : Européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, vietnamiennes, comoriennes, mahoraises, malaises et chinoises. Et dans la bande dessinée, on voit ainsi une multitude de corps, mais aussi de cheveux. Mais on voit aussi les difficultés de cohabitation de ces populations car, malheureusement, les différentes possibilités d’avancement professionnel sont très souvent pendantes de la couleur de votre peau. Et ainsi, les cheveux en deviennent importants, surtout pour les femmes.

    Surtout, c’est une population où, pour poursuivre leurs études supérieures doivent se rendre en métropole. C’est un investissement financier, déjà mais surtout, c’est un choc des cultures car, la population étudiante réunionnaise voit une prédominance de la population blanche et se prend des préjugés à la pelle. Alors, quand on est métissé comme Rose, c’est encore pire car elle a une couleur de peau blanche mais des cheveux crépus. Les gens n’arrivent pas à la cataloguer et elle, elle doit tout simplement réussir à s’intégrer mais aussi savoir qui elle est vraiment parfois en se pliant aux canons de beauté de la métropole.

    Et au travers de cette quête d’identité, on a une dimension plus universelle, le clivage homme femme dans l’industrie du cheveux.

    Oui, je sais, pour vous cela peut paraître un peu superficiel mais la différence est réelle. Si un homme arrive au boulot un jour mal coiffé ou avec les cheveux un peu gras, et bien, il ne se passe pas grand-chose. Par contre, une femme… Et ainsi, Lou Lubie déroule la pelote. On apprend la double peine des femmes. Si elles veulent être perçues comme compétentes, il faut qu’elles soient dans le canon de beauté actuel. On parle de cheveux ici, mais les codes de morphologie fonctionnent aussi. Et quand les femmes vont juste dans un salon de coiffure, c’est le drame. Les coupes sont plus chères, les produits sont plus onéreux, parfois même toxiques et surtout, tous les salons de coiffure ne sont pas aptes à coiffer tous les types de cheveux car les coiffeurs et les coiffeuses ne sont pas forcément formées.

    Et on calcule avec elle la somme que l’on doit débourser pour atteindre ce fameux quota de respectabilité avec sa coiffure. En tant que femme blanche avec des cheveux plutôt sympas, je connais déjà mon tarif. Mais celui de Rose avec des cheveux atypiques en devient plus que triple. Et surtout, comment on perçoit une femme en fonction de sa coiffure. C’est quand même dingue de se dire qu’on est catalogué par juste des poils. Et pourtant…

    L’autrice nous dit tout, sans fard. Les bons moments, les découvertes, mais aussi des périodes beaucoup plus alarmantes. Car ces canons de beauté lui provoquent de la dysmorphobie. Et  qu’est-ce que c’est : c’est une préoccupation concernant les défauts perçus de l’apparence physique qui ne sont pas apparents ou apparaissent légers à d’autres personnes. Vous savez ? Quand vous vous regardez dans la glace et que vous vous trouvez franchement moche, on ne sait pas pourquoi. Au point qu’il est difficile de passer une bonne journée. Et pourquoi on se perçoit comme cela, parce que, croyez-moi, on est toustes magnifiques. Tout simplement parce que l’on se voit dans les yeux des autres et que, souvent, on vous fera des remarques. Sur  vous. Sans sollicitation. Que ce soit en famille, entre amis ou dans le milieu professionnel. Et ces remarques peuvent paraître anodines pour certains ou certaines mais parfois, cela nous touche, tout simplement. Au point que parfois, cela nous atteint.

    Au travers de ces sujets profonds, la lumière au bout des cases.

    Bien sûr, cette bande dessinée n’est pas là pour vous plonger dans la tristesse. On y voit Rose qui cherche, qui s’accepte et qui finalement, correspond exactement à ce à quoi elle veut. En s’acceptant, elle débunke les autres. Et c’est cela que veut nous dire Lou Lubie. Elle nous dit qu’en se cherchant, en se connaissant soi-même, et bien, oui, on ne peut pas éviter le regard des autres, mais on peut le percevoir plus doucement. En s’acceptant et en aimant son propre corps, on devient meilleur. On devient beau ou belle. C’est ce message que j’ai aimé dans ce livre et il ne s’applique pas qu’aux cheveux, il ne s’applique pas aux personnes qui sont métissées. Cela peut s’appliquer aux personnes qui n’aiment pas leur corps. Aux personnes qui sont en quête dans leur transidentité, par exemple.

    Aussi, quand une personne vous semble un peu en recherche. Que ce soit dans leur physique, mais aussi dans leur vie. Racines peut apporter des réponses et aussi une bonne dose de culture historique. Parce que Lou Lubie a réussi à alterner des moments de pure émotion avec des moments très factuels, limites académiques et surtout des moments très drôles. J’ai refermé le livre avec mille idées en tête. Mille réflexions sur comment se passe la journée, sur ce que je peux dire à quelqu’un. Et bien entendu, un millier de mauvaises pensées à ma coiffeuse qui me demande systématiquement si je ne veux pas couvrir mes cheveux blancs. Cette bande dessinée est un cheminement personnel de l’autrice, mais c’est aussi une belle déclaration pour aller vers l’empathie. Et ça ! C’est un message à passer pour Noël, je trouve.

    Que mettre sous le sapin après Racines ? 

    • Pour ma copine Pomme qui a eu la gentillesse de terminer son nouvel achat au restau pour me le prêter : La nuit retrouvée de Pénélope Bagieu et de Lola Lafon qui raconte l’histoire d’une mère de famille qui raconte à sa fille un secret.  Encore merci Pomme.
    • It’s lonely at the centre of the earth et Zoé Thorogood. Un récit autobiographique qui montre comment l’autrice a vécu sa dépression  pendant le confinement. Une manière aussi de développer son empathie pour des handicaps invisibles
    • Et pour rester dans le thème de la réunion et de bien vivre ensemble même avec des différences, Deux sœurs d’Isabelle Sivan et Bruno Duhamel qui racontent l’histoire de deux sœurs très différentes qui décident d’acheter une maison ensemble.

    Qu'est-ce qu'on lit le Lundi ? S01EP15 J'ai un livre pour toi

    Tous les lundi, je vous emmène dans mon trajet de train virtuel pour aller au travail. On en profitera pour parler des lectures de la semaine. Qu'est-ce qu'on lit le Lundi Pour écouter l'épisode : https://www.vodio.fr/vodiotheque/i/28631/qu-est-ce-qu-on-lit-le-lundi-s01-ep07/ Au trajet cette semaine : – Les flibustiers de la mer Chimique de Marguerite Imbert : https://www.gallimard.fr/catalogue/les-flibustiers-de-la-mer-chimique/9782073052247- Medieval Girlfriends de Juliette cousin : https://www.exemplaire-editions.fr/kopi/librairie/livre/medieval-girlfriends- Silent Jenny de Mathieu Bablet : https://www.editions-ruedesevres.fr/Silent-Jenny- L'île au trésor de R.L. Stevenson : https://www.flammarion-jeunesse.fr/lile-au-tresor/9782080490735Mes futures lectures : – Capitaines courageux de Rudyard Kipling : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070363544-capitaines-courageux-rudyard-kipling/- La course au mouton sauvage de Haruki Murakami : https://www.librairie-des-femmes.fr/livre/9782264076533-la-course-au-mouton-sauvage-haruki-murakami-patrick-de-vos/?provenance=wishlist_list- Quand Cécile de Philippe Marczewski : https://www.seuil.com/ouvrage/quand-cecile-philippe-marczewski/9782021538083 Au programme cette semaine :- Sur le Podcast et sur le blog : Medieval Girlfriends de Juliette cousinSi vous souhaitez nous partager votre lecture, voici le répondeur : https://www.vodio.fr/repondeur/1802/ ou en déposant votre fichier MP3 sur jaiunlivrepourtoi@gmail.comLe logo est une création de Shirayukisan et vous pouvez lui faire ses commandes ici : https://shirayukisancommissions.carrd.coLa musique du générique : Late night Snack de The fly guy five https://youtu.be/UIqkiK-So6g?si=mAs64Wo47LcjEBEt
    1. Qu'est-ce qu'on lit le Lundi ? S01EP15
    2. Racines
    3. Qu'est-ce qu'on lit le lundi ? S01EP14
    4. Les enfants de l'Empire
    5. Qu'est ce qu'on lit le lundi ? S01 EP13
  • Les enfants de l'Empire de Yudori

    Titre : Les enfants de l’Empire

    Auteur : Yudori

    Maison d’édition : Delcourt

    Genre : Histoire

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    Vous savez ce qui m’énerve, dans les affirmations toutes faites de beaucoup de pontes de la culture ? La bande dessinée et les mangas, c’est tout sauf culturel. Franchement, le Pass culture pour se prendre des mangas gratos cela ne sert à rien. Et surtout, bordel, la romance c’est vraiment nul. C’est tout sauf de la vraie fiction. Et celleux qui me connaissent savent très bien que moi et la romance, c’est pas vraiment une combinaison gagnante. Et je suis tout sauf une spécialiste des graphiques. Et pourtant, pourtant, je ne me ferme pas. Et je me forme. Comme je peux. Alors, pourquoi pas mettre sous le sapin deux tomes de Les enfants de l’Empire écrit pas Yudori et paru aux éditions Delcourt ? Histoire de torpiller un peu du bien pensant ? Allez, je vous raconte !

    Pourquoi donc j’ai choisi ce titre ? Et bien, tout d’abord pour son autrice, Yudori. C’est une autrie et une dessinatrice de bande- dessinée originaire de Corée du Sud. Elle vit actuellement à Cambridge, au Royaume Uni avec son partenaire et ses chats. Et ce qui est intéressant avec Yudori, c’est qu’elle a commencé dans le webtoon, vous savez, ce truc un peu bizarre qui n’est pas de la culture non plus ? Comment cela je souffle ? Bref, elle s’est lancé en 2016 avec Pandora’s Choice, un web comic qui lui a valu le Lezhin Comics Award. On la connaît principalement pour des titres comme Le ciel pour conquête publié en 2022 en France qui raconte l’histoire de deux femmes qui vont s’unir pour briser les carcans du patriarcat dans la bonne société hollandaise du XVIeme siècle. Et enfin, les Enfants de l’Empire, une série historique qui se déroule en Corée sous l’occupation japonaise mais cela, on va en reparler après. Yudori, sa spécialité, c’est de s’intéresser aux questions de l’émancipation des femmes et elle aime critiquer les oppressions.  Quant à son style graphique, j’ai bien regardé un peu partout parce que c’est plus un style manga que BD dans le dessin. Mais je vous confirme bien qu’il est catalogué comme bande dessinée chez nous. Comme quoi la classification en France… Mais cela pourrait faire l’objet d’un autre épisode. Si vous voulez en savoir plus, j’avais écrit un article sur la réponse D :

    Yudori, elle aime prendre son temps et explorer dans ses récits des questions historiques et sociales à des récits personnels ou fictionnels. Ce qui vous met clairement de l’émotion dans votre lecture. Personnellement, j’ai mangé les deux tomes des Enfants de L’Empire très rapidement. D’ailleurs ? Qu’est ce que cela raconte ? Les enfants de l’Empire ?

    C’est l’Histoire de Arisa Jo, la fille d’un riche marchand, et de Jun Seomoon, le jeune héritier d’une noblesse déchue. Jun a été recueilli par le père de Arisa et ils vont suivre leur scolarité dans un équivalent de lycée. Cela se passe dans la Corée des années 1930 quand elle était sous occupation japonaise. Et c’est cet angle là qui est super intéressant pour nous les Européens. Parce que cette partie de l’Histoire n’est pas vraiment enseignée à l’école de nos jours (comme quoi la culture, hein).

    Dans les années 30, la Corée est annexée par l’Empire du Japon depuis 1910 ce qui la met sous le joug d’une administration coloniale. Dans les années 30, le régime japonais est en plein renforcement de sa politique d’assimilation : on n’étudie plus dans les écoles la culture et la langue coréenne, comme son histoire d’ailleurs et on impose le plus souvent des noms japonais pour effacer l’identité coréenne. La religion change aussi car la population est fortement incitée à suivre les cérémonie shinto. Et économique, la Corée subit aussi de grands changements puisque la Corée a majoritairement une économie agricole sauf que les terres sont confisquées et surtout, elles sont redistribuées aux colons japonais, transformant ainsi les Coréens en métayer. Dans le même temps, on assiste à une augmentation de l’industrialisation dans le nord de l’île, car les Japonais injectent leurs capitaux dans ce secteur. Ça veut dire qu’on va complètement bouleverser l’ordre social et le paysage coréen. Il y’aura un fort exode urbain et donc c’est toute la vie traditionnelle qui va s’en retrouvée détruite. Et c’est pas anodin car cela va surtout profiter aux Japonais. Cela dit, les Coréens ne sont pas dociles. La population coréenne ne se soumettra pas passivement car il y a eu des mouvements de résistance, des intellectuels , des nationalistes et des communistes continueront à se battre. L’éducation va aussi être investis par les étudiants qui refuseront l’assimilation totale. Et c’est ce que l’on voit avec nos deux protagonistes : Arisa Joe tente de se faire une place dans la société en tant que femme tandis que Jun, lui, est totalement paumée car c’est un aristocrate déchu. Et tout ce contexte historique se retrouve bien dans les Enfants de l’Empire

    Par l’histoire de Jun Seomoon qui a vu son père se faire retirer son diplôme coréen et sombrer dans l’alcool. Pour suivre des études, il est « Sponsorisé » par le père d’Adira Joe mais il va devoir choisir entre une université coréenne ou japonaise par exemple. Et il voit aussi ses repères effacés car il est passé d’une vie à la campagne à une vie à la ville. Il voit bien les apports modernes de la société japonaise mais ne se retrouve pas dedans. Il en est même choqué parfois. Il voit aussi d’autres membres de l’ancienne bonne société coréenne qui vivent dans cette illusion qu’ils conserveront leurs rangs, leurs statuts, leurs fortune. Et pourtant, ils tentent de conserver leurs ascendants. Et on voit aussi l’assimilation japonaise. Parfois pour des trucs très simples comme la nourriture, l’achat d’un stylo plume, le costume. Parfois, pour l’évolution des mœurs.

    D’ailleurs, c’est aussi ce que voit Adira Joe puisqu’elle est la fille unique de sa famille. Elle bénéficie d’une bonne éducation mais elle se rend compte que ce ne sera pas pour succéder à son père mais bien pour être un bon parti. Son père l’utilise aussi pour être une vitrine de la culture japonaise puisqu’elle est habillée comme une femme moderne mais il refuse qu’elle prend son indépendance et voudrait qu’elle reste une femme soumise. Il ne l’envisage même pas comme héritière de son empire. Alors oui, on est dans les années 1930 mais il n’imagine même pas qu’elle puisse avoir des envies professionnels.

    Alors Adira Joe se retrouve elle aussi isolée avec ses envies d’indépendance alors qu’elle se fera juger que ce soit par ses camarades masculins qui verront une fille facile que par ses camarades féminins qui seront entre l’envie et la rivalité. Et pourtant, malgré leur isolement, malgré leurs décalages, nos deux protagonistes vont s’allier au fur et à mesure pour traverser ce bouleversement culturel.

    Pendant ce temps, nous on verra quelques pans de la culture japonaise mais surtout de la culture coréenne grâce à des capsules qui seront des points recherches et des anecdotes de l’autrice. C’est pas grand-chose mais cela apporte un véritable plus à cette série. Et c’est pour cela qu’elle m’a vraiment attirée, tant par le fond que par la forme. Ce sont des petites histoires dans l’Histoire.

    Que mettre sous le sapin après Les Enfants de l’Empire ? 

    • Pyongyang de Guy Delisle qui est un récit autobiographique de l’auteur qui s’est rendu en Corée du Nord. C’est un beau reportage graphique.
    • Cristallisation secrète de Yoko Ogawa que j’ai lu la même semaine. C’est une allégorie d’un régime autoritaire qui efface les mémoires.
    • Pachinko de Min Jin Lee qui parle justement d’une famille coréenne dans la colonisation japonaise puis au Japon. Il a été aussi adapté en série justement

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    Tous les lundi, je vous emmène dans mon trajet de train virtuel pour aller au travail. On en profitera pour parler des lectures de la semaine. Qu'est-ce qu'on lit le Lundi Pour écouter l'épisode : https://www.vodio.fr/vodiotheque/i/28631/qu-est-ce-qu-on-lit-le-lundi-s01-ep07/ Au trajet cette semaine : – Les flibustiers de la mer Chimique de Marguerite Imbert : https://www.gallimard.fr/catalogue/les-flibustiers-de-la-mer-chimique/9782073052247- Medieval Girlfriends de Juliette cousin : https://www.exemplaire-editions.fr/kopi/librairie/livre/medieval-girlfriends- Silent Jenny de Mathieu Bablet : https://www.editions-ruedesevres.fr/Silent-Jenny- L'île au trésor de R.L. Stevenson : https://www.flammarion-jeunesse.fr/lile-au-tresor/9782080490735Mes futures lectures : – Capitaines courageux de Rudyard Kipling : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070363544-capitaines-courageux-rudyard-kipling/- La course au mouton sauvage de Haruki Murakami : https://www.librairie-des-femmes.fr/livre/9782264076533-la-course-au-mouton-sauvage-haruki-murakami-patrick-de-vos/?provenance=wishlist_list- Quand Cécile de Philippe Marczewski : https://www.seuil.com/ouvrage/quand-cecile-philippe-marczewski/9782021538083 Au programme cette semaine :- Sur le Podcast et sur le blog : Medieval Girlfriends de Juliette cousinSi vous souhaitez nous partager votre lecture, voici le répondeur : https://www.vodio.fr/repondeur/1802/ ou en déposant votre fichier MP3 sur jaiunlivrepourtoi@gmail.comLe logo est une création de Shirayukisan et vous pouvez lui faire ses commandes ici : https://shirayukisancommissions.carrd.coLa musique du générique : Late night Snack de The fly guy five https://youtu.be/UIqkiK-So6g?si=mAs64Wo47LcjEBEt
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  • Garçonnes, les autrices oubliées des années folles

    Titre : Garçonnes, les autrices oubliées des années folles

    Auteur : Trina Robbins

    Traduction : Marie-Paule Noël

    Maison d’édition : Bliss

    Genre : Histoire

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    Il fallait que je vous recommande en premier une belle bande dessinée. Que ce soit dans l’objet en lui-même, parce que j’aime vraiment offrir ce genre de titres, mais surtout parce que cette bande dessinée a pour moi une histoire. Une belle histoire de femmes, bien entendu. Et ce livre, c’est Garçonnes : les autrices oubliées des années folles écrites par Trina Robbins, traduite par la merveilleuse Marie-Paule Noël et publiée aux éditions Bliss. Cette bande dessinée, c’est le moyen pour vous de découvrir les Années folles sous le prisme de dessinatrices dans les années folles. Parce que oui, étonnez-vous, les femmes ont toujours eu du talent dans la bande dessinée et elles ont toujours trouvé un moyen de se faire publier.

    Et pour comprendre un peu cette bande dessinée, il faut qu’on parle de celles qui nous l’ont fait parvenir. Trina Robbins, elle est née le 17 août 1938 à Brooklyn et elle est décédée le 10 avril 2024, soit en suivant le processus de traduction et de publication en France. Trina, c’est une autrice de bande dessinée et oui, c’est aussi une historienne de la bande dessinée. Et c’est aussi une militante féministe américaine. Elle aime officier dans les comix féministe dans les années 60, puis passe à la Science-Fiction dans les années 80, pour ensuite scénariser deux séries jeunesse dans les années 2000 : Go Girl ! Et Chicagoland. Elle a aussi écrit plusieurs histoires de Wonder Woman, une biographie de Lily Renée et une série policière. Depuis les années 1970, elle joue un rôle important pour améliorer la place des femmes dans la Bande Dessinée et elle a publié une dizaine d’ouvrages sur les femmes dans la bande dessinée américaine. Par contre, traquez ses œuvres car elle est très peu souvent traduite en France.

    Trina Robbins, elle me parle dans son histoire car depuis des dizaines d’années, elle observe le monde de la bande dessinée et le constat est là : c’est un boy’s club. Et la représentation des femmes dans la bande dessinée reste très mysogine. Et si le milieu des comics et de la bande dessinée offre une certaine présence d’héroïnes féminines, et bien, très peu d’éditeurs grands publics travaillent avec des femmes. Et quand bien même il y a des femmes dans le milieu, le grand public n’en parle pas. Alors elle, elle fait le boulot. Dès 1983, elle écrit avec Catherine Yronwode Women and the Comics et elle continuera à mener ce type d’ouvrages jusqu’à ce qu’on a eu entre nos mains Garçonnes : les autrices oubliées des années folles.

    Enfin dans nos mains… Dans des mains américaines. Mais pour les Françaises… Et bien, nous avons la chance d’avoir une championne de la traduction, une guerrière du féministe et une véritable fouineuse de recherche dans l’histoire des femmes oubliées. Et à titre personnel, j’aimerais un jour me faire une sonnerie de téléphone avec Marie-Paule qui scande : « Cramez les tous ! » Et si vous vous posez la question, oui, j’ai eu la chance de participer avec elle au Coin lecture du Coin Pop et si maintenant je fais attention aux autrices que je lis, aux traductions et peut-être bien une propension un peu plus grande à lire du True Crime. C’est bien grâce à Marie-Paule. Suivez cette femme, elle roule du poney à paillettes. Mais concernant Garçonnes, Marie-Paule s’est surtout associée avec Bliss pour pouvoir traduire ce livre et l’éditer. Elle est aussi présidente cette année du festival BD de Perros-Guirec qui se déroulera les 25 et 26 Avril 2026 et vous pourrez aussi la chercher dans les articles du Collectif Georgette Sand dont je ne vous parlerai jamais assez du livre Ni vues ni connues.

    Et garçonnes, alors ? Cela raconte quoi ? Eh bien, cette bande dessinée va vous présenter six autrices de bande dessinée des années folles. Et si jamais vous osez ne pas offrir ce livre à Noël, laissez-moi vous parler d’elles : Nell Brinkley, Eleanor Schorer, Edith Stevens, Ethel Hays, Fay King et Virginia Huget. Avouez, vous n’avez aucune idée de qui elles sont. Parce que pour moi non plus, en fait.

    Nell Brinkley, elle est née en 1886 à Edgewater dans l’état du Colorado. A 16 ans, elle est engagée par le Denver Post avec un salaire de 7 dollars par semaine. Sa plus grande création, ce sont les Brinkley Girls mais elle a fait des séries : Golden Eyes et Her Hero, Bill, Kathleen and the Great Secret, Betty en Billy and theil Love Trough the Ages et What Went Wrong with love ? Son style, c’est de l’art nouveau. Elle a le trait assez fin et ses dessins pourraient totalement vous faire quelques affiches chez vous. Elle met en scène des héroïnes qui vivent des aventures extraordinaires et si maintenant les Brinkley Girls ont été effacées de l’Histoire, et bien le trait de Nell a influencé le féminisme de l’époque. Elle parle du travail des femmes, du sport, du droit de vote de celles-ci. Et surtout, elle a influencé beaucoup d’articles féminins jusqu’à Trina Robbins bien évidemment.

    Eleanor Schrorer, elle, a office au New York Evening World. En 1911, elle faisait déjà des illustrations de mode pour le journal. Et elle grimpe les échelons au fur et à mesure des années. Elle a aussi fait une série qui s’appelle : Getting Ahead as a business Girl, qui est une compilation de biographies sous forme de bandes dessinées de femmes entrepreneurs à succès. Ses dessins, on dirait des gravures qui montrent des femmes pirates, des sorcières et autres.

    Edith Stevens, elle a été publiée au Boston Post dans les années 1920 mais aussi au Boston Globe jusque dans les années 1960. Elle a publié une série qui s’appelle As Us Girls qui est parue 6 jours par semaine pendant 30 ans. Elle a publié plus de 10 000 dessins animés. Ses dessins ressemblent vraiment à du comic strip qu’on peut lire sans se lasser au coin du journal. Et c’est bourré d’humour.

    Passons aussi à Ethel Hays qui est une dessinatrice de comics américaine. Elle est engagée comme illustratrice au Cleveland Press à partir de 1923 et surtout, elle est arrivée à maintenir sa production après la naissance de ses filles. On reste dans du noir et blanc en majorité mais il y a aussi quelques parutions en couleur.

    Fay Kings, elle est illustratrice de presse et auteure de comics aussi. En 1925, elle crée le comic strip Girls Will be Girls. Elle donne beaucoup de sa vie dans ses travaux et diffuse ainsi ses opinions aussi.

    Virginia Huguet est née en 1899 en Louisiane. Elle a beaucoup fait dans de la publicité mais elle montre surtout que, même en parlant de bas filés et autres articles dits féminins et traditionnels, elle donne une vision surtout plus active de la femme.

    Je vous ai parlé de toutes ces femmes. Alors, quel intérêt de prendre le livre. Eh bien, j’ai fait l’exercice de chercher par moi-même les informations sur ces femmes sur internet. Et c’était bien parfois une galère, il faut l’avouer. Juste pour que vous puissiez découvrir la version de leur vie par Trina Robbins. Et surtout, allez voir leurs dessins dans Garçonnes. C’est tout une capsule temporelle qui a été vraiment bien retravaillée pour que ces planches vous paraissent vraiment éditées en France à l’époque (Merci Marie-Paule). Alors oui, peut-être que pour vous, parler de modes, de coupes de cheveux, de longueurs de jupes, cela peut vous paraître frivole en fait. Mais figurez-vous que dans les années 20, c’était déjà une bataille en soi. Et surtout, quand vous feuilletez un peu ces planches, vous faites revivre un peu ces femmes dont on n’entend pas parler. Ces femmes qu’on efface régulièrement. Et dans un contexte actuel où on se dit que les fêtes de Noël sont trop commerciales, trop formatées, rebellez-vous un petit peu et mettez en valeur ces femmes sous votre sapin. C’est réellement un objet livre avec des recherches et un travail incroyable sur le dessin. Je l’ai depuis sa diffusion en France et je peux vous dire que je le relis encore avec plaisir.

    Que mettre sous le sapin après Garçonnes : les autrices oubliées des années folles de Trina Robbins ? 

    • Pour continuer à mettre en valeur des femmes dans l’Histoire : Il y a eu la version augmentée de l’Histoire de France au féminin de Sandrine Mirza et Illustrée par Blanche Sabbah. Parfait pour les enfants et les jeunes adolescents car cette bande dessinée montre le dialogue entre une grand-mère et deux de ses petits-enfants qui montre le destin des femmes dans toute l’Histoire de France. Cela débunkera pas mal de vos préjugés, je pense.
    • Si vous avez envie de rester dans une ambiance New Yorkaise dans les années 20, sautez sur Queenie, la marraine de Harlem écrite par Elizabeth Colomba et traduite par Aurélie Levy qui vous raconte l’histoire de Stéphanie St Clair, une marraine. Car oui, des femmes ont dirigé aussi la pègre à New York. A la différence que Queenie a aussi œuvré pour protéger les habitants de son quartier et elle a mis en valeur quelques musiciens de jazz de l’époque.
    • Enfin, pour voir que les ouvrières aussi roxaient du poney à paillettes, n’hésitez pas à vous procurer Radium Girls de Cy qui raconte l’histoire de Edna Bolz, une jeune ouvrière qui apprend le métier de peindre des cadres à l’aide d’une peinture au radium. On raconte leurs combats pour se soigner ensuite.

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  • J'ai un livre pour toi + Cinq chemins de pardon

    Titre : Cinq chemins de pardon

    Auteur : Ursula K. Le Guin

    Maison d’édition : Atalante

    Genre : Science-Fiction

    Où trouver le livre ? Clique ici

    Ca y’est, le mois de Novembre se termine et notre période de mémoire va s’achever. Faisons le tour, voulez-vous ? Dans le livre de M de Peng Shepard, la mémoire fait partie de notre identité. Pas totalement mais elle fait partie de nous. Avec Trois battements, un silence d’Anne Fakhouri, on a vu que la mémoire, ce n’était pas que des faits mais aussi et surtout cela transmet des émotions. Et enfin, avec Un étranger en Olondre de Sofia Samatar, la mémoire peut capturer des histoires, donnant de la voix à des personnes qu’on silencie. La mémoire est changeante, ce qui fait qu’on est assis sur un passé changeant. Mais, la mémoire ne concerne-t-elle donc que le passé et la guérison de soi ? C’est avec Cinq chemin de pardon de Ursula K Le Guin et paru chez l’Atalante qu’on va explorer ce concept de mémoire et de futur. Cinq Chemin de pardon, c’est un recueil de nouvelles qui se passent dans deux mondes de l’univers de l’autrice : Yeowe et Werel. Dans Werel, il y a une oligarchie de propriétaires d’esclaves alors que Yeowe est un territoire qui contient justement les esclaves. Comment ces deux mondes peuvent se réconcilier et avancer pour faire pleinement partie de l’Ekumen, cette ligue humaniste que l’autrice explore dans ses romans ?

    Ursula K Le Guin, c’est un monument de la Science-Fiction féministe. Elle est née le 21 Octobre 1929 à Berkeley en Californie et est décédée le 22 Janvier 2018 à Porland en Oregon. Son père, c’est Alfred Louis Kroeger, un anthropologue américain et sa mère, c’est Theodora Kroeger, une autrice. Ursula, elle a une spécialité : la littérature française et d’ailleurs, elle a fait une thèse sur les idées de la mort dans la poésie de Ronsard. Elle a écrit pendant plus de 60 ans plus d’une vingtaine de romans, une centaine de nouvelles, des recueils de poésie, des livres pour enfants, des essais et des traductions. Son roman qui l’a fait décoller, c’est la Main Gauche de la Nuit, écrit en 1969 qui est une réflexion sur le genre. Elle a eu deux gros cycles : un en fantasy qui s’appelle le cycle de Terremer mais celui qui nous intéresse ici, c’est le cycle de l’Ekumen qui est un cycle de SF, dont fait partie le recueil de nouvelles : Cinq Chemins de pardon qu’on va étudier ici. La particularité d’Ursula K Le Guin, c’est d’inventer un monde fictif et futuriste, prendre son cadre pour expérimenter des notions (et on reconnaît bien là l’héritage de ses deux parents). Comment fait-elle avec notre livre ? Et surtout, pourquoi avoir choisi le pardon ?

    Selon Ursula K. Le Guin : le pardon n’efface pas la mémoire. Il la transforme.

    Allez, c’est parti, on va se pencher un peu sur chaque nouvelle. La première s’appelle Trahisons. On est sur Yeowe, après la révolution et la Guerre de Trente Ans. Yoss est une vieille femme retirée qui a pour objectif de lire un roman. Mais elle reste tout de même connectée à la vie du village. Elle rencontre un nouvel arrivant : Aberkam qui est un ancien leader révolutionnaire déchu. On dit qu’il a trahi la cause. Ces deux personnes ont été brisées par la guerre et en se rencontrant, en s’aidant mutuellement, elles vont arriver à aller au-delà de leur histoire personnelle pour se reconstruire personnellement. Cela ne va pas effacer le passé mais on est à un moment de leur vie où iels pensaient que tout était fini et l’autrice nous montre que non, en s’apaisant sur le passé, on peut se construire un futur.

    Dans Jour de Pardon, on est sur Werel. Solly est une envoyée de l’Ekumen. Elle a un garde du corps, Teyeo. Les deux ont une culture totalement différentes. Sauf que voilà, ils sont pris en otage le Jour de Pardon et devront s’entraider. Ursula K. Le Guin montre le choc culturel entre deux cultures : celle de l’Ekumen avec Solly qui est une femme libre, indépendante et celle de Werel au travers de Teyeo qui a été élevé dans un système patriarcal et esclavagiste. Cela reflète deux visions d’un pays et c’est important de se comprendre car Solly est diplomate. C’est en vivant une expérience commune qu’ils parviennent à surmonter leurs préjugés personnels et culturels pour avancer ensemble. On interroge ici les mécanismes de la compréhension mutuelle indispensable pour avancer que ce soit à l’échelle personnelle qu’à l’échelle mondial.

    Dans Un homme du peuple, on suit la vie d’Hazhiva, un homme élevé dans une ferme qui décide de quitter sa planète pour étudier l’Histoire. On suit sa carrière jusqu’à ce qu’il soit missionné sur une planète qui vient d’abolir l’esclavage. Sauf que les femmes sont toujours silenciées et ne changent pas vraiment de conditions. C’est en les écoutant et en les incluant dans ses évènements qu’il participe au changement et qu’il devient un allié des femmes. L’autrice montre que le témoignage et l’éducation sont importants pour construire un autre futur, pour ne pas enfermer une partie de la population silenciée dans un éternel schéma de domination.

    Dans Libération d’une femme, on est sur Werel puis Yeowe. On suit Rakam une ancienne esclave sexuelle. Sauf qu’après l’abolition de l’esclavage, elle ne parvient pas à se construire une vie personnelle et intime. Pour elle, la liberté c’est de conserver son intimité. C’est en produisant des témoignages, en éduquant et surtout en continuant à parler qu’elle parvient à se guérir. L’autrice montre ici la double peine des femmes : l’oppression due à l’esclavage mais ensuite l’oppression due au patriarcat. Elle questionne sur la difficulté de reconstruire dans une société encore marquée par les hiérarchie.

    Enfin, Musique Ancienne et les femmes esclaves. Musique Ancienne est un envoyé de l’Ekumen qui est très actif dans la libération des femmes. Sauf qu’il se fait capturer par l’opposition et on le torture. Dans l’endroit où il est , il est accompagné par des femmes esclaves. En vivant une expérience commune, un lien et une solidarité se crée entre ces personnes. Et l’autrice, en nous mettant à la place d’une personne torturée face à ses bourreaux nous permet de travailler notre empathie aussi.

    Et Ursula K. Le Guin utilise le biais de la Science-Fiction pour travailler ces notions.

    En effet, elle utilise l’artifice d’un monde imaginaire et futuriste pour mieux voir. En faisant cela, elle déplace nos repères ce qui nous permet de mieux appréhender ce qui ne va pas. En effet, le fait de parler de faits qui se passent sur Yeowe ou Werel, elle nous permet de désamorcer les résistances idéologiques que l’on peut avoir. Culturellement ou par notre propre opinion. En effet, nous les européens vivons dans une société patriarcale, même si elle l’est moins que d’autres mais le fait de ne pas nous nommer, cela nous permet de moins être sur la défensive. De même, nous sommes sur une société qui a pratiqué l’esclavage et le colonialisme. Cela influence notre point de vue, même si on se le défend parce qu’on aurait peut-être tendance à temporiser par rapport à une lecteurice qui vient d’un pays colonisé. Certains ou certaines d’entre nous peuvent s’en rendre compte de manière spontanée mais d’autres non. Et c’est pour cela que l’autrice nous dépayse pour passer cette étape intellectuelle. Ensuite cela permet d’observer nos systèmes sociaux sous un autre angle. On aura tendance ainsi à ne pas accepter certains faits et plus décortiquer ce qui se passe. Enfin, ce truchement permet de rendre visibles l’invisible comme les oppositions de genre ou les héritages coloniaux.

    Comment on applique cela dans Cinq Chemins de pardon, et bien l’esclavage sur Yeowe évoque clairement les histoires de colonisation, de racisme et de patriarcat mais sans jamais nommer directement notre société. Vous voyez ? Cela rend l’histoire universelle.

    Et une fois qu’on nous a dégagé nos biais sociaux, et bien Ursula K. Le Guin nous fait de l’expérimentation sociale. Et elle s’inspire directement du travail d’anthropologue de son père en faisant cela. Donc elle imagine des sociétés avec des structures politiques alternatives comme l’anarchisme dans les Possédés, des genres fluides comme dans la Main Gauche de la Nuit et des formes de pardons et de mémoires qui ne passent pas par la justice punitive comme dans Cinq Chemins de Pardon. Ainsi, l’Ekumen devient un laboratoire éthique qu’on peut lire comme une super cycle, une super histoire à lire ou comme un terrain de réflexion sur des questions que l’on peut se poser dans notre société et cela fonctionne. Cinq Chemins de pardon est toujours aussi actuel. Et certains Etats pourraient clairement s’en inspirer.

    Dans Cinq Chemins de Pardon, les personnages reconstruisent leur identité par le récit. Le Guin montre que le langage est un outil de libération. Le récit personnel est une forme de résistance et la mémoire collective peut être réécrite sans être effacée. Et vous voyez le lien avec nos livres précédents : la mémoire est mouvante et elle peut influencer positivement quand on donne de la place aux voix silenciées. Cela rejoint des enjeux très actuels en fait : les mémoires post coloniales, les récits féminins, les voix marginalisées. C’est tout le travail qu’on essaie de faire en littérature par exemple. Mais aussi dans les adaptations de films, dans le travail de documentaires ou aussi les vulgarisateurices historiques.

    Et Ursula K. Le Guin, elle a fait cela toute sa vie en opposant souvent les logiques de domination à celles du soin, de la relation, de la responsabilités mutuelle. Dans ses mondes, le progrès ne vient pas de la technologie mais de la transformation des liens humains. Et elle a ouvert la voie à des autrices comme Premee Mohamed ou Becky Chambers par exemple.

    Dans Cinq Chemins de Pardon, en reconstruisant le passé, la mémoire change le futur.

    J’ai trouvé trois exemples connus plus ou moins dans l’Histoire pour montrer que Cinq Chemins de pardon, cela a été exploré en vrai et cela a fonctionné. Allez, on commence par l’Afrique du Sud avec la Commission Vérité et Réconciliation. Après l’Apartheid, Nelson Mandela et Desmond Tutu ont mis en place une commission pour permettre aux victimes mais aussi aux bourreaux de témoigner. C’est exactement ce que l’on voit sur Yeowe, les blessures sont profondes entre les deux peuples. Elles ne peuvent pas être effacées. Mais en s’accordant, en communiquant, on s’aperçoit que le pardon n’est pas une amnésie mais une reconnaissance publique du passé, une tentative de réécrire l’Histoire. Et cela, c’est la nouvelle Trahisons et Musique Ancienne et les femmes esclaves.

    Autre exemple : l’Allemagne et l’Histoire de la Shoah. L’Allemagne a intégré la mémoire de l’holocauste dans son éducations, dans ses monuments et dans sa politiques. Ce n’est pas parfait mais cela a été fait. Le pardon devient ici social, parfois forcé, parfois sincère. Ursula K Le Guin montre  que le pardon, c’est pas un état, c’est un chemin à parcourir. Il peut être fragile, incomplet mais il ouvre la voie vers le dialogue. C’est ce que l’on voit dans Libération d’une femme ou un Homme du peuple ou Jour de pardon.

    Dernier exemple : le Chili et la dictature de Pinochet. Des décennies après la dictature, les familles des disparus cherchent toujours à chercher la vérité. Comme dans Libération d’une femme, les victimes doivent raconter leur histoires pour exister. Le silence qui est imposé par les régimes autoritaires est une forme de violence que Ursula K. Le Guin dénonce subtilement.

    Ainsi, la mémoire et le pardon, ce n’est pas qu’une question de passé ou de guérir le présent. C’est un processus pour améliorer le futur. Ce que nous montre l’autrice c’est que la mémoire doit être active. C’est un mouvement pour refuser l’oubli tout simplement. Et le pardon peut passer par le témoignage, la transmission mais aussi par la fiction, comme on le fait ici. Et la mémoire ici est un moyen de rétablir une vérité plus universelle, par seulement celle des vainqueurs. Et cela permet de donner des bases solides pour un nouveau futur. Aussi, méfiez vous des sociétés qui empêchent de se souvenir du passé. Car ce sont des sociétés qui ne construisent pas l’avenir.   Intéressant non ?

    Aussi, que lire après Cinq chemins de pardon ? 

    • Superluminal de Vnda Mc Intyre où des pilotes se font opérer et retirer le cœur pour permettre à des vaisseaux de voyager plus loin dans l’Espace
    • L’espace d’un an de Becky Chambers qui montre la coexistence de plusieurs races extra terrestres dans un vaisseau.
    • Les effacées de Marine Carteron qui montre le changement de vision d’une jeune femme quand elle devient au courant de l’existence et de l’histoire d’une femme silenciée.

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  • Un étranger en Olondre

    Titre :Un étranger en Olondre

    Auteur : Sofia Samatar

    Maison d’édition : Argyll

    Genre : Fantasy

    Où trouver le livre ? Clique ici

    On a déjà passé deux semaines à explorer les tréfonds de notre mémoire et des effets qu’elle a sur nous. Dans le Livre de M de Peng Shepard, on a pu voir que la mémoire n’est pas qu’individuelle mais peut être aussi collective. La mémoire fait grandement partie de notre identité. Et ce n’est pas tout car avec Trois battements un silence d’Anne Fakhouri, la mémoire contient aussi nos émotions. Et elle peut être transmise mais cela ne veut pas dire que la mémoire d’un traumatisme doit rendre notre futur inéluctable. On peut jouer avec la mémoire pour sortir de certains schémas. La mémoire devient malléable, changeante, parfois même insaisissable. Comment la capturer ? Comment la figer un peu pour la transmettre ? Par l’écriture ? Et pour continuer le lien avec Trois battements un silence d’Anne Fakhouri, on se rend compte que grâce à l’Oncle Ray, Marco a pu avoir les instruments pour sortir d’un cercle traumatique. Ma question est là : une rencontre, une seule peut-elle changer le cours de notre vie ?

    Peut être qu’un Etranger en Olondre écrit par Sofia Samatar et publié aux éditions Argyll pourra nous apporter des clés de réponse. Jevick est le fils d’un riche marchand de l’île du Thé qui fait du commerce en Olondre, pays du livre qui fascine Jevick Mais son père décède et Jevick part en Olondre pour continuer les affaires de son père. Pendant son voyage, il rencontre une jeune fille mourante : Jissavet. Après le Festival des Oiseaux, quelques jours après, Jevick se rend compte qu’il est hanté par le fantôme de celle-ci. Il fera l’objet d’un enjeu politique entre deux partis religieux olondriens. Quant à lui, il ne pourra être libéré qu’en écrivant l’histoire de la jeune fille.

    Sofia Samatar, elle est née en 1971 en Indiana et c’est la fille de l’historien Said Seikh Samatar et sa mère est enseignante d’anglais et est de confession mennonite. Ses parents se sont rencontrés en Somalie. Sofia, c’est une femmes de voyages de par là vie de ses parents mais aussi de son parcours professionnel car elle a enseigné au Soudan du Sud et en Egypte. Elle est aussi constamment tiraillée et enrichie par ses différentes cultures. Et cela se voit dans ses œuvres ou son essai : the White Mosquee. La duologie Un étranger en Olondre est une déclaration d’amour à la lecture, à l’écriture et à la transmission de la mémoire. Que veut donc nous dire l’autrice avec un Etranger en Olondre ?

    Comment une rencontre peut changer une vie ?

    Regarder un peu dans votre passé, dans votre histoire personnelle et je suis persuadée que vous pouvez me donner le nom d’une personne qui a changé le cours de votre vie. Dans le livre, c’est la rencontre de Jevick et de Jissavet, lors d’un trajet en bâteau pour aller en Olondre. Il y a va pour le commerce et le tourisme. Elle y va pour trouver un traitement. Ils ne parleront que quelques heures. Et pourtant, Jissavet décède : on ne sait pas trop quand, on ne sait pas trop où mais c’est Jevick qui la retient dans ce monde et elle va le hanter, ce qui déclenchera toute l’histoire. Et d’ailleurs, si Jevick est aussi fasciné par l’Olondre, c’est parce que son père lui a donné un précepteur olondrien, Lune, un exilé. J’ai regardé un peu partout sur les internets en posant cette question simple : une rencontre peut-elle changer une vie ? Et en gros, c’est plutôt unanime car que ce soit en littérature, en psychologie, en philosophie, en religion, tout le monde s’accorde sur ce fait. Parce que l’on est confronté à une autre perspective mais aussi, nous sommes des animaux sociaux et nous avons besoin de nous nourrir des autres pour évoluer. Et peu importe la durée de cette rencontre en fait car on parle de mémoire émotionnelle, exactement ce que l’on a vu dans Trois battements, un silence d’Anne Fakhouri. Et pour marquer l’importance de cette rencontre, Sofia Samatar nous montre que le fantôme de Jissavet va hanter Jevick. Ça veut dire quoi ?

    La hantise, cela correspond à une situation qui donne l’impression d’une présence autre, agissant de manière diffuse et invisible. Les éléments de la hantise sont généralement liés à l’au-delà omme les esprits, les dieux ou les démons ou aux autres créatures fantastiques comme les lutins, les gnomes ou les djins. Des lieux peuvent être hantés mais aussi des personnes. En vrai, c’est quand une personne vous marque si fort qu’elle vous marque. Vous en ressentez les effets même après son absence. Et pourtant, Jevick ne connaît pas son histoire. Et Jevick pourra la laisser partir, faire son deuil, en voyageant.

    Et par le parcours de Jevick, on verra qu’il a voyagé de deux manières par ces deux rencontres. Tout d’abord, il va voyager en Olondre à la manière d’un touriste. En effet, toute son enfance, Lunre a appris à Jevick à lire et écrire. Lunre est un exilé et il raconte l’Olondre à son élève mais pas de manière très réaliste en fait, c’est une vision presque fantasmée. Pourquoi fait il cela ? Et bien, Lunre sait qu’il ne retournera jamais en Olondre et donc sa mémoire fait le tri et ne garde que les meilleurs moments. C’est comme quand on se souvient d’un défunt qu’on a aimé : on lisse les faits et c’est tout naturel parce que c’est notre mémoire émotionnelle qui parle, vous savez ? Celle qui change tout le temps. C’est ainsi que Jevick part en Olondre comme nous on part à l’étranger, en vacances, et il en profite : il va acheter pleins de livres, fait des rencontres et se rend à différentes fêtes. Sauf que le fantôme de Jissavet, une voix qu’on a perdu, effacée, vient le hanter. Et il en vient à parcourir l’Olondre comme un fugitif. Le vernis craque et il voit cette contrée d’une toute autre manière. Et ça, c’est la manière dont Sofia Samatar a voyagé toute sa vie. pas par les circuits touristiques mais par les rencontres, les chemins de traverse. Et nous, on découvre un pays qui est déchiré entre deux courants religieux et qui va bientôt entrer un guerre civile. Et Jevick, il va ainsi recueillir différents témoignages des habitants. Nous, on ne comprendra les enjeux politiques que par déduction et c’est, on le sait, pas le récit que retiendra l’Histoire.

    C’est aussi pour cela que cette histoire est marquante. Jevick est un peu notre photographe de guerre. Et si vous voulez approfondir rapidement cette notion, regardez le film Civil War réalisé par Alex Garland. Et par un Etranger en Olondre, Sofia Samatar montre l’importance du témoignage car nous on sait tout cela grâce aux pérégrinations de Jevick. Et ce n’est pas l’Histoire qui est importante ici pour nous, ce sont bien les témoignages et c’est ce que veut l’autrice. Un témoignage rend la voix aux personnes silenciées et cela peut tout changer. Déjà, c’est un acte de courage, de prendre la parole. Mais c’est nécessaire car l’Histoire n’est pas qu’une succession de faits, c’est aussi et surtout l’histoire, la vie des personnes, de faits, c’est aussi et surtout l’histoire, la vie des personnes. Et c’est ça qui a de l’impact, c’est ça qui va nous marquer.

    Et pourtant, c’est l’écriture qui va nous figer des moments importants

    Allez, je digresse et je vous raconte une histoire, moi aussi. Le 15 Juin 1799, Bonaparte part joyeusement en Egypte pour envahir le monde parce que l’Egypte, c’est un peu son Olondre à lui. Or, dans le village de Rachid, dans le delta du Nil, Pierre-François-Xavier Bouchard découvre une grosse pierre. C’est la Pierre de Rosette. Et Champollion se rend compte qu’un seul texte est écrit en trois langues : en hiéroglyphique, en égyptien domotique et en grec. Et par la présence de ces trois textes, de ces trois langues, on a pu redécouvrir la culture égyptienne. C’est amusant parce que c’était un texte de loi. Et ne pensez pas autre chose : l’écrit est politique. C’est comme la Guerre des Gaules de Jules César qui donne une vision biaisée des gaulois. Et en Olondre, une guerre se profile. Donc on sait que quelques temps après le départ de Jevick, on n’aura que le récit des vainqueurs. On ne fait que deviner qui sera le gagnant mais ce n’est pas ce que l’autrice veut nous dire. Elle nous dit que l’important, c’est que Jevick est le dépositaire des témoignages des personnes qui risquent d’être silenciées. Alors pourquoi l’écriture ?

    Et bien parce que l’écriture, c’est comme une photo, un instantané. L’écriture a une portée universelle. C’est ce qui va laisser une trace. Et cela permet aussi et surtout en écrivant des témoignages de préserver la culture. De même, la fiction peut aussi préserver la mémoire et c’est cela que fait Sofia Samatar avec un étranger en Olondre. Alors oui, c’est un pays imaginaire et Jevick et Jissavet n’existent pas, ce sont des personnages de fiction. Mais l’histoire de Jissavet est universelle et je vous laisserai la découvrir. Alors pourquoi l’écrire si elle semble commune ? Et bien si dans l’écrit on ne retrouve que l’histoire des vainqueurs, et bien on silencie les autres histoires et cela rend le récit écrit comme véridique. Je reprends mon histoire de la Guerre des Gaules. Pendant des années, on a cru que le peuple gaulois était unitaire et inculte. Or, par l’archéologie, on sait maintenant que ce que les Romains considéraient comme la Gaule était composé de multitudes de peuples. Et ils étaient cultivés sauf que leur culture est orale. Ainsi, notre vision de la Gaule est et restera sûrement biaisée par la vision des Romains.

    Et c’est pour cela, attention, mini spoiler, que Jevick crée un alphabet pour son pays qui a une culture orale, pour préserver sa propre culture mais aussi pour diffuser les témoignages olondriens dont il est dépositaire. Et ça, on en a eu des exemples dans l’Histoire de ce qu’a fait Jevick. Je vous donne deux exemples.

    L’écrivain Ngûgî wa Thiong’o a décidé d’abandonner l’anglais, sa langue coloniale, pour composer un alphabet kikuyu, sa langue maternelle. pour lui, c’est la langue qui est le véhicule de la mémoire culturelle. Je cite de Decolonising the Mind en 1986 : “Toute langue est à la fois un moyen de communication et le véhicule d’une culture”. Alors je vous vois venir : son livre a été traduit en anglais. oui. mais le premier exemplaire est écrit en kikuyu. Et ça, c’est ce qu’on appelle un acte de décolonisation. Quan Ngûgî wa Thiong’o écrit en kikuyu, il refuse que sa culture soit effacée par le colon anglais. Il veut réhabiliter les récits locaux, les transmettre et surtout se les réapproprier. il a même fondé une revue littéraire en kikuyu, qui s’appelle Multiri, pour encourager les autres à faire de même.

    Trop de niche ? Vous voulez plus marquant ? Au Veme siècle, le moine Mesago Machtots invente l’alphabet arménien pour pouvoir diffuser la Bible, comme quoi, il ne perdait par le Nord, mais aussi pour préserver la langue et la culture arménienne. Et cet alphabet, c’est ce qui a permis à l’Arménie de résister aux différentes assimilations et donc à l’Histoire. Encore aujourd’hui, soit 16 siècles plus tard, à la louche, l’alphabet arménien est un symbole national. C’est un pilier de leur mémoire collective et il est encore enseigné dans les écoles.

    Le fait d’écrire dans sa propre langue est libératoire. Et c’est exactement ce qui se passe dans un étranger en Olondre. Le fait d’écrire l’histoire de Jissavet prouve que cette femme existe, elle laisse une trace. Cela la libère car son fantôme disparaît, elle peut passer à l’après vie. Et cela permet à Jevick de faire son deuil, car celui ci est transformé en création. C’est peut être bien cela que veut nous dire Sofia Samatar. La mémoire peut être la vérité vraie, ce ne sera pas une succession de faits, mais cela permet parfois de donner une voix aux sans-voix, comme Jissavet.

    Aussi, que lire après Un étranger en Olondre ? 

    • Un récit fictif qui met en valeur des voix silenciées, je ne pouvais que penser à Châtiments de Percival Everett et je ne peux que vous renvoyer à l’épisode dédié à ce sujet.
    • Sur les bouts de la langue, de Noémie Grunewald pour vous montrer que la traduction est aussi un acte militant.
    • Ni vues ni connues du Collectif George Sand qui raconte l’Histoire de femmes qu’on a effacées..

    Qu'est-ce qu'on lit le Lundi ? S01EP15 J'ai un livre pour toi

    Tous les lundi, je vous emmène dans mon trajet de train virtuel pour aller au travail. On en profitera pour parler des lectures de la semaine. Qu'est-ce qu'on lit le Lundi Pour écouter l'épisode : https://www.vodio.fr/vodiotheque/i/28631/qu-est-ce-qu-on-lit-le-lundi-s01-ep07/ Au trajet cette semaine : – Les flibustiers de la mer Chimique de Marguerite Imbert : https://www.gallimard.fr/catalogue/les-flibustiers-de-la-mer-chimique/9782073052247- Medieval Girlfriends de Juliette cousin : https://www.exemplaire-editions.fr/kopi/librairie/livre/medieval-girlfriends- Silent Jenny de Mathieu Bablet : https://www.editions-ruedesevres.fr/Silent-Jenny- L'île au trésor de R.L. Stevenson : https://www.flammarion-jeunesse.fr/lile-au-tresor/9782080490735Mes futures lectures : – Capitaines courageux de Rudyard Kipling : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070363544-capitaines-courageux-rudyard-kipling/- La course au mouton sauvage de Haruki Murakami : https://www.librairie-des-femmes.fr/livre/9782264076533-la-course-au-mouton-sauvage-haruki-murakami-patrick-de-vos/?provenance=wishlist_list- Quand Cécile de Philippe Marczewski : https://www.seuil.com/ouvrage/quand-cecile-philippe-marczewski/9782021538083 Au programme cette semaine :- Sur le Podcast et sur le blog : Medieval Girlfriends de Juliette cousinSi vous souhaitez nous partager votre lecture, voici le répondeur : https://www.vodio.fr/repondeur/1802/ ou en déposant votre fichier MP3 sur jaiunlivrepourtoi@gmail.comLe logo est une création de Shirayukisan et vous pouvez lui faire ses commandes ici : https://shirayukisancommissions.carrd.coLa musique du générique : Late night Snack de The fly guy five https://youtu.be/UIqkiK-So6g?si=mAs64Wo47LcjEBEt
    1. Qu'est-ce qu'on lit le Lundi ? S01EP15
    2. Racines
    3. Qu'est-ce qu'on lit le lundi ? S01EP14
    4. Les enfants de l'Empire
    5. Qu'est ce qu'on lit le lundi ? S01 EP13
  • Trois battements un silence d'Anne Fakhouri

    Titre :Trois battements un silence

    Auteur : Anne Fakhouri

    Maison d’édition : Argyll

    Genre : Fantastique

    Où trouver le livre ? Clique ici

    La semaine dernière, dans la Mémoire de M de Peng Shepard, on a pu explorer l’importance de la mémoire, la peur de la perdre car la mémoire constitue une part de notre identité, mais à quel point ? Et surtout, on a pu déterminer à quel point la mémoire des faits ne faisait pas tout, et qu’elle n’est pas individuelle. Aussi, comment la mémoire se transmet de générations en générations ? La mémoire n’enregistre donc pas que des faits bruts ? Pour réfléchir à tout cela, je vous présente Trois battements, un silence d’Anne Fakhouri, publié à titre posthume le 7 Avril 2023 chez les éditions Argyll

    Dans Trois battements, un silence, on suit l’histoire de Marco Delusi, un descendant de la fée Mélusine, comme le dit la légende, qui vit à l’écart depuis la mort de son oncle Ray. Marco, il a été élevé dans la haine des femmes par toute la lignée de son père. Or, son fils apparaît sur le pas de sa porte après 8 ans d’absence. Pour sauver son fils, Marco devrai mettre fin à la malédiction des hommes de sa famille et accorder enfin son cœur au rythme des autres.

    Ce livre a été écrit par Anne Fakhouri, une autrice née en 1974 et décédée en 2022 suite à une longue maladie. Elle a étudié les lettres à la Sorbonne avec une spécialisation sur les mythes arthuriens. Elle a été professeure de français au collège avant de déménager sur Rennes. Elle a eu deux filles. Sa carrière littéraire est aussi très fournie puisqu’elle a fait un diptyque jeunesse en Fantasy et Fantastique avec le Clairvoyage et la Brume des jours. Elle s’est essayé aussi au thriller fantastique avec Narcogenèse où elle écrit des récits un peu plus sombres. Puis elle a officié dans la jeunesse avec Hantés et Piégés qui abordent notamment le thème des enfants soldats et le trafic d’art. Mais elle a aussi tâté de la Fantasy Urbaine avec American Fays qu’elle a coécrit avec Xavier Dollo. Mais elle a aussi écrit des comédies romantiques sous les pseudonymes d’Eli Grimes et Hannah Bonnet. Et enfin, elle nous a offert Trois Battements un silence, un roman qui parle de famille, de musique et qui s’inspire de la légende de Mélusine. Comment a été reçu le roman par la critique ? Beaucoup ont souligné la plume de l’autrice comme poétique, musicale mais elle déroute parce qu’elle est aussi crue et puissante. La structure du roman a soit plu soit dérouté totalement les lecteurices. Enfin, tout le monde a souligné un univers féérique très sombre, très modernisée avec des thématiques fortes.

    On explore la mémoire des émotions par la musique

    Trois battements, un silence. C’est ce qui rythmera ce roman. C’est important au point d’en être le titre. Et on sait que Marco Delusi, aussi loin qu’il se souvienne, on lui a appris à haïr les femmes sauf son oncle Ray. Et tout ce qui lui reste de lui, c’est la chanson Born to Run de Bruce Springsteen. Une chanson qui parle de se sauver en fuyant. Et il se passe cette chanson en boucle. Pourquoi?

    Et bien figurez vous que la mémoire et la musique sont liées. Je suis sûre que lorsque vous entendez une chanson , parfois, vous vous arrêtez, votre cœur loupe un battement et vous vous souvenez d’un moment de votre vie, peut être même un moment que vous avez oublié. C’est un déclencheur. Cela m’est arrivé figurez vous. A un Noël, j’avais hérité des vinyles de mon père dont je ne connaissais pas du tout. C’était des albums de Emilou Harris, dont il était fan. Et le 25, je me fais une écoute au casque d’un disque au hasard. Et au détours d’une chanson, une scène s’est réactivée, d’un coup. Un fragment de mon passé que je ne pensais plus du tout me rappeler.

    Et bien, les études le prouvent. Quand on écoute de la musique, cela active des tonnes de choses dans notre cerveau : l’hippocampe qui est le centre de la mémoire épisodique, la mémoire des faits. Mais aussi l’amygdale qui est le siège de nos émotions et enfin le cortex préfrontal qui est notre organisateur de la mémoire. On peut dire que la musique, c’est la mémoire de nos émotions. Ainsi, cela peut expliquer pourquoi une chanson peut raviver un souvenir précis avec une charge émotionnelle intense. Ainsi, c’est exactement ce que j’ai vécu. La musique peut agir comme un déclencheur de souvenirs personnels, souvent des moments marquants d’une vie.

    C’est aussi pour cela qu’on ressent la musique différemment. Dans le livre, l’oncle Ray écoute la chanson Born to run parce qu’il a beaucoup voyagé. Même si Marco ne sait pas très bien ce qu’il a fait pendant ses voyages. Et Marco, il écoute cette chanson parce que… Et bien cela lui rappelle un homme qui l’a aimé comme son fils, qui l’a éduqué, qui a contribué à le sortir de cette spirale de haine que lui transmet son père.

    Briser le schéma de la mémoire transgénérationnelle.

    La mémoire transgénérationnelle, cela fait référence à la transmission des souvenirs, des expériences et mêmes des traumatismes d’une génération à une autre. On en a parlé un petit peu dans la Guilde des Queues de chats morts en introduction. Comment l’autrice va aborder le sujet ? Et bien par les origines de la famille de Marco : les Delusi, descendants de la fée Mélusine. Allez, je vous raconte cette légende.

    C’est l’un des récits les plus riches du folklore médiéval européen, figurez vous. La version la plus connue date de 1393 dans la Noble Histoire de Lusignan de Jean d’Arras. Mélusine est la fille du roi Elinas d’Albanie et de la fée Persine. Son père rompt un serment sacré en regardant Persine pendant qu’elle accouche. En punition, elle s’enfuit avec ses filles : Mélusine, Mélior et Palestine sur l’île d’Avalon. Plus tard, Mélusine se venge de son père et Persine la maudit : chaque samedi, Mélusine se transformera en femme serpent à partir de la taille. Elle pourra échapper à la malédiction si un homme l’épouse sans jamais chercher à la voir le samedi. Mélusine épouse Raymondin, un noble et lui propose de l’épouser si elle l’aide à devenir un grand seigneur. Ils fondent la maison de Lusignan et ont 10 fils, tous marqués par des traits étranges ou monstrueux. Mais un jour, Raymondin viole le tabou et l’observe un samedi. Mélusine, trahie, disparaît à jamais mais revient pour pleurer ses enfants ou annoncer la mort d’un Lusignan.

    Anne Fakhouri, elle, reprend cette légende pour en faire la métaphore d’un trauma familial. Marco est un héritier des Lusignan et donc porte cette malédiction liée à la violence masculine, cette haine des femmes. En fait, elle interroge sur comment vivre avec un héritage monstrueux ? Est ce qu’on peut rompre le cycle ? Et Mélusine, c’est une femme marquée par une faute originelle, celle de son père. Cette malédiction la transforme en créature monstrueuse chaque samedi. Le corps de Mélusine incarne cette mémoire du trauma : cela s’inscrit dans le corps, souvent de façon cyclique, imprévisible et honteuse. Elle ne veut pas être vue dans cet état car elle risque de tout perdre. Cela évoque le tabou du trauma, le silence qu’on impose à ces héritiers du secret. Et c’est ce qu’on voit au début du roman : Marco, il s’isole avec une musique en boucle. Et c’est en suivant les enseignements de son oncle Ray qu’il va trouver une solution.

    Est-ce qu’on peut guérir avec la musique ?

    La musique peut vraiment jouer un rôle dans la guérison psychique et émotionnelle, surtout quand on parle de mémoire traumatique. Des chercheurs en neuroscience se sont posés la question en étudiant la musicothérapie.

    Comme je vous le disais plus tôt, la musique réactive la mémoire émotionnelle. Parce qu’elle est liée à la mémoire implicite. Elle peut donc raviver des souvenirs oubliés, même chez des personnes atteintes de troubles de la mémoire. Mais dans le cas d’un traumatisme, et bien, elle permet de reconnecter avec des émotions ce que le cerveau tente de refouler.

    Et puis, vous l’avez sûrement vécu, parfois, avec la musique, on ressent des choses. De la joie, de la peine, de la rage. C’est parfois aussi pourquoi on fait autant de playlists thématiques. C’est comme si la musique déclenchait des émotions. J’ai moi même quelques chansons à écouter s’il faut que des larmes sortent, ou quand vraiment cela ne va pas, je sais que cela me remontera le moral. Cela permet au cerveau de ne pas tourner en boucle sur un évènement malheureux. Et c’est ce qu’elle fait : elle régule les émotions car elle influence directement le système limbique qui gère les émotions. Une musique peut apaiser l’anxiété, réduire le stress voire même favoriser la libération de dopamine, la fameuse hormone du plaisir.

    En fait, la musique, c’est un langage alternatif. Tout ce qu’oncle Ray n’a pas pu dire à son neveu parce qu’on ne lui a jamais appris, il lui a appris avec sa musique. Et c’est ce que reproduira Marco en partageant la sienne. C’est pour cela que l’autrice nous montre que si le cœur de Marco subit une arythmie, et bien, en faisant partie d’un groupe de danseurs, il arrive à évoluer au rythme des autres. Et vous pouvez le ressentir dans un concert par exemple. C’est ce qu’on appelle parfois une narration sonore.

    C’est parce que la musique a un super pouvoir, figurez vous : elle favorise la neuroplasticité. Ca veut dire que la musique qu’on écoute ou que l’on pratique favorise de nouvelles connexions entre vos neurones. Cela vous aide à réorganiser les circuits affectés par un trauma parce qu’un trauma, cela va vous stopper le cerveau, et parfois même votre vie. C’est le fait de s’isoler, d’être agressif par exemple. Cela brise le fil narratif de votre vie : il y a un avant et un après. La musique, cela permet, par le rythme, de reconstruire une temporalité, de passer outre le trauma. Cela reconnecte les fragments de soi. Et c’est en cela que Anne Fakhouri a fait une structure qui déroute dans ce roman. Elle impose un rythme qui change en fonction du narrateur et aussi en fonction de ce qu’il ressent.

    Ce roman, c’est un roman de mémoire. C’est un roman qui montre que malgré des évènements traumatiques comme la maladie, le deuil ou des maltraitances, et bien la musique peut vous aider à guérir, à continuer, à briser le cercle tout simplement. Pour elle, c’était Born to run. Pour moi c’est Emilou Harris pour une part. Joe Cocker pour d’autres, etc etc. Et vous? Quelle est la musique de votre vie ?

    Aussi, que lire après Trois battements un silence ? 

    • Pour la mémoire transgénérationnelle, je vous conseille Du thé pour les fantômes de Chris Vulkisevic
    • Pour réparer peut être, la couleur pourpre d’Alice Walker
    • Pour l’importance de la musique, Chanter le silence de Cassandra Khaw.

    Qu'est-ce qu'on lit le Lundi ? S01EP15 J'ai un livre pour toi

    Tous les lundi, je vous emmène dans mon trajet de train virtuel pour aller au travail. On en profitera pour parler des lectures de la semaine. Qu'est-ce qu'on lit le Lundi Pour écouter l'épisode : https://www.vodio.fr/vodiotheque/i/28631/qu-est-ce-qu-on-lit-le-lundi-s01-ep07/ Au trajet cette semaine : – Les flibustiers de la mer Chimique de Marguerite Imbert : https://www.gallimard.fr/catalogue/les-flibustiers-de-la-mer-chimique/9782073052247- Medieval Girlfriends de Juliette cousin : https://www.exemplaire-editions.fr/kopi/librairie/livre/medieval-girlfriends- Silent Jenny de Mathieu Bablet : https://www.editions-ruedesevres.fr/Silent-Jenny- L'île au trésor de R.L. Stevenson : https://www.flammarion-jeunesse.fr/lile-au-tresor/9782080490735Mes futures lectures : – Capitaines courageux de Rudyard Kipling : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070363544-capitaines-courageux-rudyard-kipling/- La course au mouton sauvage de Haruki Murakami : https://www.librairie-des-femmes.fr/livre/9782264076533-la-course-au-mouton-sauvage-haruki-murakami-patrick-de-vos/?provenance=wishlist_list- Quand Cécile de Philippe Marczewski : https://www.seuil.com/ouvrage/quand-cecile-philippe-marczewski/9782021538083 Au programme cette semaine :- Sur le Podcast et sur le blog : Medieval Girlfriends de Juliette cousinSi vous souhaitez nous partager votre lecture, voici le répondeur : https://www.vodio.fr/repondeur/1802/ ou en déposant votre fichier MP3 sur jaiunlivrepourtoi@gmail.comLe logo est une création de Shirayukisan et vous pouvez lui faire ses commandes ici : https://shirayukisancommissions.carrd.coLa musique du générique : Late night Snack de The fly guy five https://youtu.be/UIqkiK-So6g?si=mAs64Wo47LcjEBEt
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  • Le livre de M de Peng Sheperd

    Titre : : Le livre de M

    Auteur : Peng Sheperd

    Maison d’édition : Le livre de poche

    Genre : Science-Fiction

    Où trouver le livre ? Clique ici

    Je vous le disais Mercredi en podcast avec la citation du livre de la Guilde des queues de chats morts de P. Djeli Clark,  » On compose parfois étrangement avec la mémoire d’un traumatisme ». Et Eveen, notre héroïne, est amnésique. Elle ne se souvient de rien avant sa perte de mémoire et son double ne comprend pas tout de suite ce qu’elle ressent. Elle cherche à se retrouver dedans. Je me posais la question, pendant ma lecture, qu’est-ce que cela fait de perdre la mémoire ? Est-on vraiment attaché à nos souvenirs.? Et à quel point notre nous profond se situe dans la mémoire ? Qu’est-ce qui est prêt à sacrifier pour la garder, l’effacer ou la récupérer ? C’est dans le livre de M. de Peng Sheperd, publié chez le Livre de Poche depuis 2022, et c’est traduit par Sylvie Homassel.

    Le Livre de M, ça raconte quoi ? Un jour, en Inde, un homme perd son ombre et les scientifiques n’arrivent pas à l’expliquer. Quelques jours plus tard, il perd progressivement la mémoire. Cet homme s’appelle Hemu. Et le phénomène s’étend jusqu’à devenir mondial. Max et Ory sont montés et se réfugient dans un hôtel abandonné. Ils retrouvent un semblant de vie normale, sauf que Max perd son ombre.

    Perdre son ombre, voilà qui est effrayant. Alors que Bon… Vous vérifiez, vous, que vous avez encore votre ombre tous les matins ? L’ombre a une symbolique forte ! Elle est le prolongement de notre corps, alors notre imaginaire l’associe à l’âme. Si on prend le mythe de la caverne de Platon, l’ombre symbolise l’illusion. Dans le taoïsme, l’ombre est synonyme de sagesse. C’est aussi le symbole de notre individualité car on ne peut pas donner notre ombre. C’est un peu le symbole de notre inconscient. Donc, si on pend son ombre, on perd la mémoire. Qu’est-ce qu’il reste de nous quand le souvenir s’éteint ?

    La mémoire comme identité

    Vous l’avez deviné, dans le livre de M, on va parler de la mémoire de manière très individuelle, car on va se demander quelle part de nous il y a dans notre mémoire. La perte de mémoire dans ce livre est très particulière car oui, quand les gens perdent leur mémoire, ils deviennent dangereux, pour eux comme pour les autres. Si vous oubliez de vous nourrir, par exemple, ou de boire. Si vous oubliez comment ouvrir une porte. Si vous oubliez comment conduire alors que vous êtes au volant. Si vous oubliez que la personne en face de nous est celle que vous aimez, alors qu’elle se penche pour nous enlacer. Celles et ceux qui ont vécu l’expérience d’un membre de votre famille atteint de démence sénile ou d’Alzheimer, vous voyez tout de suite à quelle sensation je fais écho. Sans la mémoire, on a l’impression que la personne nous file entre les doigts.

    Pour savoir, je me suis tournée vers un philosophe : John Locke (1632 -1704). Cela m’est venu, pour être totalement transparente, par lecture de la biographie de Denis Diderot où j’ai appris qu’il avait traduit du John Locke. C’est une pointure de la philosophie britannique du XVIIe siècle et figurez-vous qu’il a marqué la pensée moderne avec sa théorie de la connaissance et de la mémoire comme fondement de l’identité personnelle. Et cela nous arrange ici. Chez Locke, une personne, c’est un être pensant qui se reconnaît comme unique à travers la variation de temps et de feux. Selon lui, il n’y a pas de perceptions inconscientes donc vous virez tout ce que vous savez, son Freud par exemple. Dans ce cadre, la mémoire, c’est la capacité de faire passer les perceptions passées aux perceptions présentes. Donc la mémoire fonde notre identité personnelle. Ainsi, le corps n’a pas d’importance. Si Locke vivait à notre époque, il considérerait par exemple que si l’on transfère notre mémoire dans une machine, nous devenons la machine et elle est nous. Qu’est -ce qui se passe alors si on oublie totalement ou une portion de notre vie ? C’est là que cela devient intéressant il dit que non, si l’on oublie une portion de sa vie, alors ou n’est pas la personne qui a fait ces actions ou qui a eu ces pensées. Donc là, il refait la distinction entre une personne et un individu : ce n’est pas la même personne car on n’a pas conscience d’avoir réalisé ces actes ou d’avoir eu ces pensées. Par contre, on est bien l’individu qui les a réalisées. De quoi vous donner des nœuds au cerveau. Mais cela montre bien la peur d’Orry quand il se rend compte que Max, sa femme, perd son ombre, il pense qu’il va la perdre. Et Max part pour qu’Orry ne la voie pas devenir quelqu’un d’autre. Il n’y a donc aucun espoir ?

    Demandons à Ricoeur, un autre philosophe du XXème siècle. Ricœur, il dit que ce ne sont pas nos actions qui font que nous avons une identité personnelle, mais c’est la manière de nous raconter. Selon lui, il y a un récit de notre personne qui intègre notre être et les événements qu’il vit ou se remémore. Selon Ricoeur, donc, Orry reste important car tant qu’il peut raconter Max, sa personnalité reste. D’ailleurs, il a cette idée de demander à Max de s’enregistrer pour qu’elle puisse se raconter à elle-même. Et Leibniz, un autre philosophe du XVIIème siècle, est d’accord avec cette idée parce qu’il dit que les autres peuvent t’aider à reconstituer ton identité. Ainsi, si Max décide de quitter Orry, elle renonce ici à une part d’elle-même, elle changera. Comme lorsqu’on décide de changer d’environnements d’ailleurs. D’un autre côté, on peut être influencé par des événements extérieurs, ce que l’on voit dans l’effet Mandela par exemple. Cela désigne les souvenirs partagés collectivement mais de manière enjouée. Et cela vient du fait que la croyance répandue selon laquelle Nelson Mandela serait mort en prison, Alors qu’il a été président après sa libération. La psychologue contemporaine Elizabeth Loftus a montré que nos souvenirs peuvent être modifiés par de nouvelles informations. Et dans le roman, Peng Shepard, elle le matérialise parce que si une personne oublie qu’une maison a des portes, et bien les portes disparaissent dans les alentours. Ce qu’on voit ainsi dans le livre de M et en piochant chez vos philosophes, c’est que la mémoire, ce n’est pas qu’une mécanique neuronale, c’est un lien entre soi et le monde. Comment la récupérer alors ?

    Les objets, des porteurs de mémoire

    Dans le livre de M, Max rencontre un groupe de personnes qui tentent de trouver une solution à la Nouvelle-Orléans. Or, c’est un groupe de sans-ombres. Comment ne pas oublier l’objectif ? Déjà, ils se le rappellent constamment, mais ils décident de dessiner sur le bus où ils sont leur objectif. Parce qu’ils vont oublier comment lire, donc oubliez les post-its : Max a un appareil qui enregistre sa voix, mais si elle oublie, comment cela fonctionne ? Quand la mémoire personnelle fait défaut, il faut faire appel à la mémoire collective et dans le livre de M, ils en parlent avec la mémoire des éléphants. Et genre, les éléphants auraient un super pouvoir de la mémoire. Cela m’aurait beaucoup interpellé car je l’avais déjà lu dans Défense d’extinction de Ray Nayler. C’est quoi cette histoire avec la mémoire des éléphants ?

    Ce que l’on sait, c’est que des éléphants d’Afrique sont capables de reconnaître des individus humains qu’ils n’ont pas eus depuis 13 ans via l’odorat, la vue ou le son. Ils savent aussi mémoriser des trajets vers des points d’eau sur plus de 50 km, mais aussi quels sont les lieux amis ou ennemis, comme les zones de braconnage. Est-ce une mémoire collective ? En fait, les groupes d’éléphants sont menés par des groupes de matriarches qui enseignent aux plus jeunes. Ils détiennent une mémoire sociale culturelle, même si cela n’a pas été formalisé expressément dans les études scientifiques, mais c’est un apprentissage social très fort. Et on n’a pas non plus de vision globale car les études se concentrent toujours sur des petits groupes. Mais la question reste ouverte. La mémoire des éléphants n’est pas une sorte de conscience partagée, mais cela démontre un processus de mémoire transgénérationnelle, c’est à dire la mémoire culturelle.

    Et en fait, on faisait cela depuis bien longtemps. En effet, dans les cultures orales, la connaissance se transmet !
    – Par les Anciens, dépositaires de la sagesse du groupe.
    – par l’observation, la participation et la répétition
    – Et enfin le récit collectif qui sert à la fois de mémoire et de lien social.
    Et on dit qu’on perd un peu cela avec l’écriture qui a permis de conserver et de fixer le savoir. D’un autre côté, cela détache la mémoire du corps, de la voix, du collectif. En fait, le livre de M pose la question : si on ne peut plus se baser sur l’écrit entièrement pour forger notre mémoire, comment fait-on dans une société profondément individualiste? Et il y a tellement de choses à retenir que, comment peut-on faire pour retenir des choses sans passer par l’écrit ? Sans passer par des supports comme internet, par exemple ? Comment se retrouver alors ?

    Disparaître par oubli, renaître par réminiscence.

    Dans le livre de M, on pense que la perte de mémoire conduit à la disparition, soit la mort symbolique de l’identité. Toutefois, Max démontre, par son voyage, qu’elle continue à se construire et même à se reconstruire avec des bribes de son identité et en faisant de nouvelles expériences, de ressentir de nouvelles émotions en créant de nouveaux liens.

    En effet, si on souffre d’amnésie, cela veut dire qu’on meurt ? Locke vous dirait que oui, mais Ricoeur nous dit que non : l’identité n’est pas figée. Elle se raconte à nouveau. Ainsi, et on le voit avec un de nos personnages, l’amnésie est une renaissance. C’est un recalibrage mais est-ce un reboot complet ? Les neurosciences se sont penchées dessus, figurez-vous. Ils montrent que l’amnésie n’efface pas toutes les formes de mémoire. Alors oui, la mémoire épisodique est atteinte. Ce sont les souvenirs personnels. Mais la mémoire procédurale, comme le savoir-faire, les gestes, perdurent. Vous savez Qu’il y a un exemple célèbre ? C’est Clive Wearing, un chef d’orchestre britannique est atteint d’amnésie totale. Il ne se souvient de rien au-delà de 30 secondes, mais il sait jouer du piano et reconnaît affectivement sa femme. Alors oui, il ne sait pas comment elle s’appelle, mais il sent qu’il l’aime. La personnalité ne se définit pas par la mémoire déclarative, donc non, si je transfère ma mémoire dans une machine, la machine ne devient pas moi. Une personne amnésique ne devient pas une autre personne au sens métaphysique, mais une autre version d’elle-même, toutefois sans les repères qui structurent son histoire. L’oubli n’est pas une fin, c’est la possibilité d’un autre commencement.

    La mémoire du monde.

    Ce que le livre de M parle en fait, ce n’est pas la fin d’une personne mais la fin d’une civilisation. Car perdre de mémoire devient contagieux. Et cela, on l’a connu tout au long de l’Histoire et en fait, on reste nostalgique des anciennes civilisations, personne n’avancera. La vraie question, c’est surtout qu’est-ce qu’on va en faire ? Dans le Livre de M, on parle d’un monde sans repères et l’autrice se demande comment on peut faire pour s’en construire de nouveaux pour survivre en fait. Sans mémoire, on se rend compte qu’il n’y a plus de futur car on perd ses racines. Il faut trouver un moyen d’utiliser ce qui nous reste pour rester stable et avancer. Il ne faut pas oublier les leçons du passé et si on détruit les sources, il en restera quand même une part en nous. Intéressant, Non ?

    Aussi, que lire après Le livre de M ? 

    • Pour explorer la dynamique de mémoire en tant que repère par le biais de la mémoire des éléphants, je vous conseille Défense d’extinction de Ray Nayler
    • Mais, quand la mémoire devient trop lourde pour une personne, est-il possible de la partager pour aller mieux ? C’est ce que tente de répondre Rivers Solomon via Abysse.
    • Et pour parler d’ombres, vous connaissez Peter Pan ? de James Matthiew Barry.

    Qu'est-ce qu'on lit le Lundi ? S01EP15 J'ai un livre pour toi

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    1. Qu'est-ce qu'on lit le Lundi ? S01EP15
    2. Racines
    3. Qu'est-ce qu'on lit le lundi ? S01EP14
    4. Les enfants de l'Empire
    5. Qu'est ce qu'on lit le lundi ? S01 EP13
  • Titre : Gidéon la neuvième

    Auteur :Tamsyn Muir

    Maison d’édition : Actes Sud

    Genre : Science-Fiction – Fantasy

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    Il y a des bouquins qui marquent votre imaginaire. Vous vous disiez que cela n’existait pas forcément. Pas à ce point là. Et c’est comme cela qu’en discutant un peu autours de vous, on vous dit qu’en fait, cela existe. Et c’est Gidéon la neuvième de Tamsyn Muir. et c’est paru chez Actes Sud. On est dans un empire interstellaire, dirigé par une sorte d’empereur immortel et promis, vous n’êtes pas dans Warhammer 40K On suit Gidéon Nav, une orpheline qui est élevée dans la sinistre neuvième maison. Elle rêve d’échapper à cette planète pour rejoindre l’armée. Mais la nécromancienne Harrow la force à devenir son épéiste personnelle dans une épreuve organisée par l’Empereur; Sauf que sur la planète où elles débarquent, après avoir résolu une ou deux épreuves, un meurtre est commis. Et de science-fiction, fantasy, on passe à un huis clos.

    Gidéon a été écrit pas une autrice du nom de Tamsyn Muir. Elle est née en 1985 et elle est Néo-Zélandaise. Au départ, elle n’était pas destinée à l’écriture puisqu’elle a obtenu un diplôme en éducation en 2010 mais voilà, la même année, elle fait un stage d’écriture spécialisé pour la science-fiction et la Fantasy. La saga du Tombeau Scellé, c’est son œuvre, pour le moment. Et c’est un univers qui mêle la science-fiction, la fantasy, l’horreur avec beaucoup d’humour noir. Son petit plus, c’est que les personnages, même sec ondaires sont très travaillés. Pour le moment, on a Gidéon la neuvième, le premier tome. Suivi de Harrow la Neuvième pour terminer par Nona la Neuxième parue en 2022. La quatrième tome est annoncé mais pas encore publié. Elle travaille maintenant et vit à Oxford, au Royaume Uni.

    Pourquoi ce livre est considéré comme un OVNI ? Et bien le ton est totalement décalé. On est sur du gothique très sombre, dans un environnement très religieux, très solennel avec des gros enjeux galactiques. Sauf que la narratrice, c’est Gidéon qui est une soldate lambda qui préfère astiquer son épée et regarder des livres pornos. Gidéon prend par sa narration les caractéristiques typiquement masculins, sans les grands idéaux de fantasy en même temps. C’est à la fois anachronique et cela bouscule la vision féminine d’une héroïne. Et pas que cela en fait, puisque l’autrice nous mélange trois genres littéraires dans la même histoire :

    • de la SF spatiale puisqu’on a neuf maisons qui sont sur des planètes différentes.
    • De la fantasy nécromantique mais qui ici sert de carburant pour de la technologie.
    • Un mystère en huis clos.
    • Et le petit plus, on a aussi un roman assez gothique et queer en même temps.

    Et pourtant, on va à la fois rire, explorer des relations de manière très profondes et en prime, on va parler d’idéaux de fantasy comme la loyauté, l’initiation. C’est simple, dès que vous commencez à caser ce livre dans une case, l’autrice vous démontre qu’il n’y entrera pas. Mais si vous voulez, on peut essayer.

    On est dans un univers de Science-Fiction. La première scène, c’est bien Gidéon qui attend une navette spatiale pour quitter la planète de la neuvième maison. Sauf que le carburant, ce n’est pas de l’essence mais bien le traitement d’âmes. Et pareil, les serviteurs ne sont pas des robots comme beaucoup de romans de SF mais des squelettes. Pareil, les épreuves qu’on voit sont quasiment toutes dans des laboratoires scientifiques mais il faut ce que l’on comprend être de la magie nécromantique pour y arriver. Gidéon se bat à l’épée et non avec un pistolet par exemple. Et tous les métaux semblent être recyclés sur des armes antérieures. On peut contacter d’autres planètes par défauts mais on aura plus vite fait d’obtenir des renseignements en pratiquant un sort sur une goutte de sang. Le progrès technologique n’est plus scientifique, il en devient mystique en fait. Donc est ce encore de la Science Fiction ou alors de la fantasy ?

    Et bien, on a un parcours initiatique avec des épreuves. On est dans une sorte de compétitions entre magiciens et le vainqueur deviendra un Lyctaire. Chaque mage a un champion pour le défendre aussi. Et le lien entre mage et champ ion est très ritualisé; On a une quête de pouvoir en fait. Et c’est vraiment un truc que l’on voit en fantasy. Mais là aussi, le genre est détourné. Franchement, ne prenez pas Harrow, la mage de Gidéon pour une sage. Elle tente de tuer Gidéon très régulièrement pendant les épreuves. Et si elle pouvait éliminer tout le monde et pas à la loyale, elle le ferait. On ne sait jamais si elle dit la vérité ou non non plus. D’ailleurs, Gidéon ne connaît pas les enjeux pour devenir Première cavalière de Harrow et elle lui force la main. De plus, Harrow ne fait pas ces épreuves pour l’élévation de l’esprit mais on ne sait pas bien si c’est une quête de savoir ultime ou tout simplement pour sauver sa maison. Dès que vous pensez Fantasy, l’autrice va vous dégommer les idées reçues à ce sujet.

    Un roman gothique alors ? C’est vrai qu’avec la nécromancie, on est bien dedans. Et puis le lieu de l’épreuve est un château un peu bizarre et décrépis. Il y a des esprits partout, les serviteurs sont des squelettes ambulants et il y a évidemment des pièces où on ne peut pas entrer sans résoudre des énigmes. Il y a une certaines fascination pour la mort en fait dans ce roman puisque la mort elle même des personnes devient un carburant. Chaque maison réagit un peu comme un couvent mortuaire et tout le monde est ultra méfiant vis à vis de l’autre. Et pourtant, pour s’en sortir, il va peut être bien falloir s’allier. Sauf que Gidéon, elle casse le côté couvent mortuaire, elle sympathise avec des gens et elle plaisante même avec les jeunes. Elle préfère lire et tenir compagnie à une malade plutôt que d’aller courir tout le temps après Harrow et l’aider.

    En fait, ce roman, c’est un peu le corps de la créature de Frankenstein. L’autrice a pris des bouts qu’elle aimait dans un genre ou dans l’autre et elle nous a refait un roman. Et chaque genre mange l’autre pour rester un peu sur le thème de la nécromancie. Cela en devient harmonieux, très facile à lire puisque c’est un véritable page turner mais votre esprit se demande quand même tout du long ce qui ne va pas. Parce que l’histoire, c’est aussi un huis clos et dedans, il y a un meurtrier qui cette fois ci ne s’en prend pas forcément aux personnes lambdas mais bien aux mages et à leurs chevaliers. Et dans quel but ? C’est ça le vrai moteur du roman en fait. Parce qu’on a bien une quête principale qui est de réussir les épreuves. Et on ne peut pas quitter ce lieux sans cela. Et avec ces meurtres, on a une certaine tension psychologique qui nous pousse à être toujours en alerte.

    Et le ciment de tout cela, c’est la relation entre Harrow et Gidéon. On sait qu’elles ont été élevées ensemble mais on ne sait jamais si elles s’apprécient puisque si elles pouvaient s’éliminer, elles le pourraient. Et pourtant, elles se surnomment patate très régulièrement. Chaque épreuve les amène à se raconter un secret. Et chaque secret révélé donne une autre vision de leur relation. Cette quête en devient totalement existentielle en fait. Ces deux héroïnes, de plus, ne sont pas transformées par ces épreuves, elles se révèlent l’une à l’autre. Elles se mettent à nu. C’est en s’acceptant mutuellement qu’elles y arriveront et c’est peut être bien cela le message fort de ce bouquin.

    Et tout cela dans un univers hyper malsain car c’est un monde de morts. Apparemment, l’empereur est lui même un être ressuscité. On utilise la génétique mais aussi la nécromancie pour composer la population des différentes planètes. La neuvième planète n’est qu’un tombeau, d’où le nom de la saga. Alors que les autres maison ont un rôle plus politique d’ailleurs. Cela fait que Harrow et Gidéon sont mise à l’écart. Elles font peur aux autres par la réputation de leur maison sans que Gidéon ne s’en rende entièrement compte de suite car elle est née là bas. De même, Gidéon et Harrow ne comprennent pas l’Empire car elles sont totalement ostracisées. Et nous, on se rend compte que pour les autres, ce sont des fanatiques religieuses. Alors que, lorsqu’on connaît Gidéon, elle est tout sauf cela. C’est une punk.

    Aussi, que lire après Gidéon la neuvième ? 

    • Le livre de M de Peng Sheperd pour le côté un peu SF Mystique
    • Harrow la neuvième de Tamsyn Muir car je veux savoir la suite !
    • Le goût de l’immortalité de Catherine Dufour pour cette vision de l’immortalité

    Qu'est-ce qu'on lit le Lundi ? S01EP15 J'ai un livre pour toi

    Tous les lundi, je vous emmène dans mon trajet de train virtuel pour aller au travail. On en profitera pour parler des lectures de la semaine. Qu'est-ce qu'on lit le Lundi Pour écouter l'épisode : https://www.vodio.fr/vodiotheque/i/28631/qu-est-ce-qu-on-lit-le-lundi-s01-ep07/ Au trajet cette semaine : – Les flibustiers de la mer Chimique de Marguerite Imbert : https://www.gallimard.fr/catalogue/les-flibustiers-de-la-mer-chimique/9782073052247- Medieval Girlfriends de Juliette cousin : https://www.exemplaire-editions.fr/kopi/librairie/livre/medieval-girlfriends- Silent Jenny de Mathieu Bablet : https://www.editions-ruedesevres.fr/Silent-Jenny- L'île au trésor de R.L. Stevenson : https://www.flammarion-jeunesse.fr/lile-au-tresor/9782080490735Mes futures lectures : – Capitaines courageux de Rudyard Kipling : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070363544-capitaines-courageux-rudyard-kipling/- La course au mouton sauvage de Haruki Murakami : https://www.librairie-des-femmes.fr/livre/9782264076533-la-course-au-mouton-sauvage-haruki-murakami-patrick-de-vos/?provenance=wishlist_list- Quand Cécile de Philippe Marczewski : https://www.seuil.com/ouvrage/quand-cecile-philippe-marczewski/9782021538083 Au programme cette semaine :- Sur le Podcast et sur le blog : Medieval Girlfriends de Juliette cousinSi vous souhaitez nous partager votre lecture, voici le répondeur : https://www.vodio.fr/repondeur/1802/ ou en déposant votre fichier MP3 sur jaiunlivrepourtoi@gmail.comLe logo est une création de Shirayukisan et vous pouvez lui faire ses commandes ici : https://shirayukisancommissions.carrd.coLa musique du générique : Late night Snack de The fly guy five https://youtu.be/UIqkiK-So6g?si=mAs64Wo47LcjEBEt
    1. Qu'est-ce qu'on lit le Lundi ? S01EP15
    2. Racines
    3. Qu'est-ce qu'on lit le lundi ? S01EP14
    4. Les enfants de l'Empire
    5. Qu'est ce qu'on lit le lundi ? S01 EP13
  • Livre de Ménilmonée de David Catuhe

    Titre : Ménilmonée

    Auteur : David Catuhe

    Maison d’édition : Auto édition

    Genre : Science-Fiction – Fantasy

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    Ces dernières semaines, nous avons vu l’évolution dans l’écriture de David Catuhe avec sa première saga d’Illuminaria. On a pu voir des présentations de personnages qui s’appuient sur des illustrations avec Légion Zodiaque. Puis, il a développé l’univers et son fonctionnement, toujours en se basant sur des illustrations avec Compendium de magie. Et ainsi, avec ce socle bien solide, il a établi un texte sous forme de novellas pour nous expliquer les origines de son monde avec L’Héritage de Zeus. C’est là la bascule car il y a l’équilibre qui se fait entre les illustrations et le texte. A nous d’imaginer la suite après. L’étape suivante et logique, c’est de produire un roman complet avec cette particularité de remplacer les descriptions écrites par ses illustrations. C’est ce que l’on va regarder avec ce nouveau cycle qui s’appelle les Titans. Le premier tome s’appelle Illuminaria et il est paru début Septembre de cette année. Son titre ? Ménilmonée. Et pour la suite, vous attendrez un petit peu parce qu’il paraît qu’écrire un livre, cela prend longtemps nianiania. Ce que nous allons voir ici, c’est comment on va avoir une certaine rupture avec le cycle précédent puisqu’on va entrer directement dans le récit sans présentation, rien. Mais ce récit va aussi garder les acquis du cycle d’Illuminaria en mêlant science et Fantasy mais aussi en parlant de divinités.

    Ménilmonée, cela raconte l’histoire d’une mycomancienne qui préfère explorer la nature et raconter des histoires plutôt que de chercher un amoureux, contrairement à sa meilleure amie, Auréal. Lors de la fête du village, elle discute avec le titan de son village, Tonka, et se rend compte qu’il est fatigué. Le lendemain, celui-ci ne se réveille pas. Ménilmonée et Auréal décide d’enquêter auprès du titan du village voisin pour trouver un remède pour Tunka.

    Les Titans sont des animaux géants, un peu comme des gardiens des villages. Ils ont toujours été là et servent un peu de guide pour les villageois. Surtout, ils savent quand une personne peut procéder à l’Elévation, quand on peut retourner à la Mère. Pour cela, les gens partent dans une tour. Donc si un Titan s’éteint, personne ne peut accéder à l’Elévation. Vous voyez l’enjeu ? Tunka est très bienveillant mais on le trouve très vite fatigué. Las. C’est un peu comme si, dans notre roman, on est à la fin d’une période. Si vous voulez un point de comparaison, nous sommes clairement à la veille du retour des elfes sur leur terre dans le Seigneur des Anneaux. Pourtant, les Titans ne sont pas détachés de la population, ils sont impliqués, juste très fatigués. Et c’est triste de voir Tunka s’éteindre car il représente un peu la mémoire du village, il raconte les légendes.

    Dans ce monde, la nature est omniprésente. On va voir des golems de mousse, une forêt de champignons, des animaux alliés et doués de réflexion. C’est un univers où on voit des humains et la nature sensés être en symbiose. Mais depuis quelques temps, les Elévations ne se font pas bien. Et les Titans, chargés d’assurer le choix des personnes à élever, disparaissent. Plutôt que de migrer d’un village à l’autre pour garder leur élévation propre, Auréal et Ménilmonée vont plutôt chercher une solution. Et ça, c’est un peu ce qu’il se passe en ce moment dans notre monde, avec l’environnement. Beaucoup de pays déplacent le problème d’un endroit à un autre plutôt que d’agir vraiment.

    Et puis, le point central de ce roman, c’est l’alliance de deux jeunes filles qui font preuve tout du long de sororité. Ménilmonée est une guérisseuse, elle assume sa particularité qui est la communication avec les champignons. Auréal, elle, plutôt envie de suivre le mouvement, d’avoir une vie classique dans le village et donc de ne pas revendiquer son don propre qui est la communication avec les animaux. On sait que ces deux amies ont des avis opposés sur la question mais vont-elles se disputer à ce sujet ? Pas du tout ! Elles vont argumenter et présenter leurs points de vue mais jamais elles ne vont s’opposer à ce sujet. Tout comme la volonté d’avoir des enfants. Ménilmonée ne veut pas expérimenter la maternité et ce n’est pas parce qu’elle n’aime pas les enfants, elle s’en occupe très bien dans le village alors qu’Auréal si. Et jamais elles ne pointent cette différence de choix négativement. Elles exposent leurs arguments et leurs points de vue mais c’est tout. On est dans le respect du choix de l’autre. De même, cette sororité qui est selon moi dans le centre de ce récit s’étend sur les autres villages. Au fil de leurs pérégrinations, les deux amies vont aller de villages en villages. Et c’est assez frappant de voir qu’à chaque fois, c’est l’entraide et l’entraide entre femmes qui prévaut à chaque fois. Et enfin, on a des sujets rarement abordés en fantasy qui est la maternité et parfois même le non désir de maternité. Truc de dingue, on parle aussi de cycles et de leur régularité ou non. Vous allez me dire : oui cela fait partie de la vie mais pas beaucoup de personnes en parle, surtout en terme de récits d’aventures dans les livres. On ne sait jamais comment les femmes pendant ces quelques jours du mois alors qu’elles crapahutent en pleine forêt. Ici, David Catuhe en parle au coin d’une page, cela nous donne aussi un indice de temps dans cette aventure et un indice de comment le temps passe dans ce monde. Et cela c’est novateur je trouve. 

    On a aussi ici un rapport au genre qui est différent dans ce livre. Il n’y a pas de guerre, de combats entre le genre féminin et le genre masculin. Ici, on s’en fiche un peu. Alors, on est pas encore dans le plus du plus qui est une écriture inclusive totale, je vous le concède. Mais ! Aucun homme ici ne va dire à nos deux héroïnes qu’elles ne sont pas assez fortes pour faire l’aventure. On n’a pas non plus d’indication sur le genre des personnes qui sont responsables des villages. De même, les genres des Titans n’est pas forcément évoqués. On sait que la déesse est féminine puisqu’on parle de la mère, mais lorsqu’on parle de certaines entités, cela reste assez flou sur leur genre. On peut imaginer un peu ce que l’on veut. Qu’est ce que cela veut dire ? Et bien, nous avons ici un monde ouvert, plutôt.Où on ne précise pas forcément la sexualité des gens mais aussi leurs genres. De même, on ne précise pas forcément une certaine binarité chez les entités présentes dans ce livre. Cet univers est ouvert à ce sujet. Alors oui, on reste dans un schéma encore classique mais pas forcément traditionnel. Par exemple, à aucun moment nos héroïnes ne sont sexualisées dans leur descriptions. On ne les juge pas non plus en fonction de leur comportement ou de leurs habits. Et cela, je dois dire que c’est extrêmement reposant car ce n’est pas encore la norme dans les romans. 

    Il y a aussi et surtout des thèmes forts dans ce premier tome. David Catuhe attaque direct dans le dur. On parle de transmission par exemple puisque, au détours d’une scène, Ménilmonée parle de légendes à l’origine de ce monde pour le raconter aux enfants. C’est une culture qui n’a pas l’air écrite mais plutôt basée sur l’oral. Alors que, au fur et à mesure de ce tome, on voit aussi une autre culture basée sur l’écrit mais qui garde jalousement les écrits de sa bibliothèque. De même, ce n’est pas parce que le village de Ménilmonée ne met pas à l’honneur l’écrit que ce sont des personnes assez rustres. Au contraire, mais on met en avant ici le partage des connaissances. Ensuite, on revient ici sur les origines des divinités et on voit comment un récit peut se transformer, comment on peut changer la réalité en ne gardant pas en mémoire les événements du passé. C’est aussi intéressant cette histoire. Parce  cela montre bien que lorsqu’on n’a pas accès aux sources d’une histoire, lorsqu’on ne peut pas croiser des sources, et bien on peut très bien avoir de fausses informations. C’est aussi cela l’enjeu de la quête de Ménilmonée et d’Auréal : chercher l’origine des mythes pour trouver des réponses. Et l’auteur ne prend pas cela comme une espèce de revendication mais bien comme allant de soi. C’est le manque d’informations qui crée des problèmes ici. 

    Et les illustrations alors ? Je pense que David Catuhe a trouvé son petit truc, l’équilibre entre illustrations et le récit. J’avais à peine le temps de me dire au détours d’une page  que tiens, j’aimerai bien savoir à quoi cela ressemble ce dont il parle qu’il avait dégainé son illustration. On est plus dans un thème fantasy ici que dans le cycle précédent. On se détache un peu du monde du jeu vidéo pour entrer vraiment dans des illustrations d’ensemble. Allez y jeter un coup d’oeil sur le site de l’auteur si vous vous demandez à quoi cela ressemble mais vraiment, je crois que j’ai passé quelques temps à prendre des illustrations qu’il laisse à disposition pour faire mes fonds d’écran pour cet Automne.  Quant au récit, et bien on a gagné en fluidité. Franchement, cela fait plaisir de voir à quel point il devient à l’aise avec le format long. Le rythme est bien posé et cela me rend totalement confiante pour les tomes à venir. 

    En conclusion, et bien je suis extrêmement enthousiaste sur ce nouveau cycle. Et l’auteur a eu ce petit truc qui nous donne envie de poursuivre l’aventure, alors même qu’il n’y a pas de gros twist final. C’est une évolution dans le récit, tout simplement. Et c’est cela qui est vraiment bien fait.

    Aussi, que lire après Ménilmonée ? 

    • Legends & Lattes de Travis Baldree pour le ton, l’univers où même s’il y a des aventures, en vrai, on prend son temps. Et aussi pour la sororité 
    • La Moïra d’Henri Loevenbruck pour le côté légendes celtiques, la nature… C’était une des sagas où j’ai recommencé à lire de la fantasy à l’époque. J’en garde un excellent souvenir 
    • Gidéon la neuvième de Tamsyn Muir pour ce mélange entre fantasy et futur. Et puis c’est l’auteur lui même qui me l’a conseillé. Donc… C’est qu’il est fait aussi pour vous ! 

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    2. Racines
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    4. Les enfants de l'Empire
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  • L'héritage de Zeus de David Catuhe

    Titre : L’héritage de Zeus

    Auteur : David Catuhe

    Maison d’édition : Auto édition

    Genre : Science-Fiction – Fantasy

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    Bon, on a posé l’univers, on a posé les personnages ! Et si on découvrait comment tout a commencé ? Ça pourrait être sympa ? Et bien vous ne serez pas déçus ! Et moi non plus parce que je partais en vacances et j’ai eu enfin des réponses à mes questions. 

    Ici, on a le point de vue de Mégara, une jeune fille à qui il arrive des tonnes d’évènements qui la conduisent sur le monde d’Illuminaria. Comment les humains ont attérit dans ce monde ? Pourquoi ce mélange entre technologie et magie ? Et bien c’est le moment de tout connaître ! 

    Pour nous, lecteurices, c’est la récompense ! On s’est fait tout le world building, les cartes, les fonctionnements de la magie. On était là avec nos pompoms pour permettre à David Catuhe de prendre la voix et il l’a fait ! Il a fait la genèse de ce monde en nous présentant le personnage principal : Mégara et il nous racontera tout cela au travers de son témoignage. Et pour celleux qui sont plus dans de la fantasy traditionnelle qui aiment avoir une histoire avant d’avoir toutes les caractéristiques, mais rien ne vous empêche de commencer par ce tome, en fait. C’est vous qui choisissez ! 

    Et quant à moi, mes soupçons étaient fondés ! 

    Tout le long de la lecture des romans précédents, je me disais que … Quand même, il y’avait bien de la technologie, là dedans. Et vous savez à quoi cela m’a fait penser ce tour de passe passe ? A Shannara de Terry Brooks. Un monde de pure fantasy mais dont la magie s’est introduite… Après une apocalypse ! Et est-ce déconnant ? Pas du tout, car pour vous rappeler les déclarations d’un certain Arthur C. Clarke, la magie n’est que l’expression d’une technologie pas encore découverte. 

    Ainsi, reprenons les influences, voulez vous ? On a le parallèle gros comme une maison qui est Saint Seya. Donc une douzaine de héros incarnant les Constellations. Je me demandais pourquoi nos constellations à nous mais avec ce roman qui nous indique que les gens d’Illuminaria viennent de Terre, forcément, cela a du sens. La Légion Zodiaque fonctionne comme une élite de champions cosmiques et chacun est lié à un signe zodiacal. On est totalement dans ce mouvement ici. Voire, chaque signe est relié à un élément, à un trait de caractère. Et tout ceci relié à de la fantasy moderne puisque on a tout simplement différents types de magie que l’on retrouve un peu partout.

    Et puis on a le parallèle avec Shanara, bien entendu. Chez Terry Brooks comme dans Illuminaria, on n’est pas dans le passé. On est dans le futur mais ils s’est passé des choses qui font que la magie et la technologie se sont mêlées. De plus, la description des univers montrent bien qu’on est après le post apo. Le monde s’est soigné après des évènements douloureux et nos habitants d’Illuminaria ne savent pas forcément ce qui s’est passé. Et l’enjeu de l’auteur, c’est cela. Savoir ce qui s’est passé et imaginer un vrai travail d’archéologie pour deviner comment un savoir qui pour nous est futuriste, en devient archaïque. Et surtout il faut deviner pourquoi on est reparti dans un monde de fantasy au lieu d’un monde de science-fiction à nos yeux.

    Et les illustrations dans tout ça?

    Elles sont toujours aussi présentes dans ce troisième tome mais laissent encore plus de place au récit. Et en lisant ces trois tomes à la suite, on se rend compte que nous avons de moins en moins besoin d’un support visuel, on peut laisser plus de place à la narration de David Catuhe. Cela vous donne un sacré mélange d’influences, qui sont assez accès sur notre pop culture. Mais aussi sur les mythologies. On est à la fois sur un univers hybride et familier. On passe aussi, au niveau des graphismes, de portraits à des mises en situation. Car oui ! les graphismes évoluent aussi au fur et à mesure et c’est vraiment agréable de voir comment tout cela fonctionne. C’est aussi cela que nous partage l’auteur, sa vision qui s’affirme au fur et à mesure des tomes

    Alors ? Qu’est ce qu’on lit après l’Héritage de Zeus ?

    • Shannara de Terry Brooks, évidemment ! Pour le mélange entre fantasy et science-fiction
    • Mais aussi le Sang des 7 Rois de Reggis Goddyn où vous voyez aussi que la science-fiction et la magie peuvent très bien s’accorder dans une saga assez épique
    • Je pense à notre héroïne, Mégara et je lui souhaite un bon voyage. Pour cela, l’Espace d’un an de Becky Chambers qui aurait pu être son voyage rêvé.

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    2. Racines
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    4. Les enfants de l'Empire
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